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Bienvenue au royaume des champignons !

Depuis quelques semaines de curieux petits chapeaux pointent de-ci de-là dans le parc, tantôt petits et discrets tantôt grands et fiers ! Solitaires ou en famille, ils subliment les feuilles d’automne de leur couleur varié : les champignons investissent le parc.

Ni animal…ni végétal !

Les champignons sont un groupe d’espèces vivantes bien plus important que ce que nous voyons familièrement autour de nous dans nos parcs et jardins. Ce royaume d’espèce est distinct du monde animal et végétal. Le père de la botanique Théophraste au IIIème Siècle avant notre ère classera les champignons en quatre grands types :

  • Les champignons poussant sous terre comme les truffes ;
  • Les champignons en forme de coupe comme les pézizes ;
  • Les champignons de forme arrondie, les vesses-de loup ;
  • Les champignons à chapeau et à pied.

La partie visible, c’est comme le fruit d’une plante, on le nomme carpophore ou sporophore et les « graines » sont des amas de spores. Souvent invisibles à nos yeux, on peut les voir s’envoler en nuage lorsqu’ils rencontrent le bout de nos chaussures ! Ces fameuses boursouflures blanches des vesses-de loup !

Vesse de loup, clairière du bois pionnier, 2019

Tout un monde sous vos pieds !

Coprinus comatus, Coprin chevelu, bois pionnier 2020

Tout ce petit monde a un point commun : une structure constituée de minuscules corps filamenteux qui s’enchevêtrent dans le sol ou le bois que l’on appelle le mycélium. C’est le corps permanent des champignons, il est composé de filaments appelés hyphes. Ces hyphes se ramifient pour former un réseau fongique qui va se développer.

La forme et la texture du mycélium varient : blanc, translucide, rose jaune ou rose. Il peut se développer concentriquement donnant naissance aux fameux Ronds de sorcière ! Il n’est pas rare que surgisse au petit matin un cercle de champignons, en avez-vous déjà aperçu chez vous ou dans notre parc ? Le folklore local nourrit de nombreuses légendes autour de ces cercles mystérieux qui s’agrandissent d’année en année selon le type de champignon. Elfes ? Farfadets ? Rituels magiques ? Seraient-ils des empreintes du passage de quelques sorcières ? Exauceraient-ils les souhaits formulés en leur centre les nuits de pleine lune ?

Dis-moi ce que tu manges, je te dirais qui tu es !

On peut classifier les champignons par leur mode de nutrition, ce classement permet d’y voir un peu plus clair sur les types de champignons que vous pouvez rencontrer !

1 – Les saprophytes ou saprotrophes , du grec « sapros » putride,  sont des décomposeurs. En se nourrissant de la matière organique morte ou en décomposition, ils vont la faire disparaître. C’est ainsi que se recyclent les restes de feuilles, de bois, d’animaux et d’excréments.

2 – Les parasites ont besoin d’un hôte, ils dépendent d’une matière organique vivante (végétaux, animaux, hommes ou même champignons), et peuvent agir sur sa santé.

Fomes fomentarius, l’Amadouvier est un parasite, dit polypore allume-feu dont la poudre séchée est inflammable a été retrouvée dans le Sac d ötzi retrouvé qui a vécu dans le Tyrol à -5000 av.J.C.

 

3 – Les mycorhizes, du grec « myco » champignon et « rhiza » , vivent en association avec un végétal. Ils sont en symbiose. C’est un échange de bons procédés. Le végétal fournit au champignon les éléments organiques en échange d’eau, et de minéraux…

4 – Les endophytes se développent dans le végétal entier. Ils protègent la plante en produisant des molécules qui peuvent être antibiotiques, insecticides, ou même neurotoxiques pour les herbivores !

Le mycélium : l’internet naturel de la terre

Sujets de nombreuses études, les réseaux de mycéliums et de mycorhizes ne cessent de surprendre les chercheurs. Cette symbiose entre le champignon et le végétal témoigne d’une véritable coopération. Les mycorhizes vont se développer tout autour du système racinaire du végétal pour atteindre un rapport de 1m de racines pour 1000m de filaments mycéliens. La capacité d’exploration de la zone par les poils absorbant des racines est alors multiplié par 10 000 !

Le mycélium établit ainsi une connexion entre les racines des arbres et les arbres entre eux dans un réseau d’échange ininterrompu d’information.

Un sol en bonne santé et propice à la culture contient des champignons, c’est le cas également de votre potager ! Dans les potagers du parc, les différents paillages permettent leur développement et participent à l’équilibre et à la bonne santé de nos légumes. Chez certains pépiniéristes, des arbres sont même vendus avec du mycélium de truffe !

Le saviez-vous ?

Depuis 2400 ans l’Armillaria ostroyae s’étend sur 8,9 Km2 dans la forêt nationale de Malheur dans l’Oregon, sur un mètre de profondeur dans le sol. C’est la plus grosse colonie découverte à ce jour ! Les réseaux peuvent être si dense que chacun de nos pas résonnent dans le mycélium lors de nos baladent en forêt…

A votre tour de découvrir des champignons !

Maintenant c’est à vous de jouer, ouvrez l’œil autour de vous… scrutez votre environnement pour les débusquer !  Les températures douces et l’humidité de l’automne en font évidement la saison  idéale pour les débusquer. Ils apparaissent autour de nous parfois en une nuit !

Où les trouver ?

Là où ils poussent…C’est le support de culture qui définit en majeure partie le type de champignon. Vous les trouverez ainsi aux pieds des arbres, sur les branches et les rameaux tombés au sol, dans les herbes, les amas de feuilles en décomposition. Munissez vous d’un appareil photo et d’une loupe, vous pourrez observer et photographier les spécimens les plus petits en plaçant la loupe devant l’objectif. Avec un peu d’entraînement explorations seront de plus en plus aguerries !

Petits spécimens poussant sur les murs végétalisés de la rue Paul Bert

Comment l’identifier et que regarder ?

Sur le site, on déterminera le type de substrat, c’est à dire la matière sur laquelle le champignon s’est développé, son odeur et sa couleur. Une photographie de la zone avec d’autres champignons à divers stades de développement peuvent-être fort utiles pour l’identification.

  • A-t-il un chapeau ? quel est son diamètre ? sa couleur ? est-il craquelé ? Gluant ou collant ? strié ?
  • Ses lames : Sont-elles denses ? attachées au chapeau ? leur couleur ?
  • Son pied : hauteur ? diamètre ? couleur et texture ? Un anneau des écailles ?
  • Sa chair : change-t-elle de couleur à la cassure ? en séchant ?

Les clés d’identifications sont nombreuses, vous pourrez les découvrir dans de nombreux ouvrages et auprès de professionnels. Certains champignons se ressemblent beaucoup, c’est pourquoi certaines précautions sont à prendre. Au-delà des qualités gustatives c’est un univers totalement passionnant qui ravive des sentiments d’étonnement et d’émerveillement quand on se trouve devant un spécimen remarquable !

Strophaire aeruginosa, strophaire et son chapeau bleu gluant

Quelques conseils pour vos sorties champignons

  • Ne jamais manger un champignon sans avoir vérifier sa comestibilité auprès d’un professionnel
  • Toujours se laver les mains après avoir touché un champignon,
  • Porter des gants pour manipuler les vénéneux
  • Ne pas mélanger les champignons dans votre panier

Amanita muscaria, Amanie tue-mouche, bois pionnier 2020

Sources

https://www.nexus.fr/wp-content/uploads/2014/12/Mycelium_NEXUS94.pdf
Brian spooner et Thomas Laesseoe, Les champignons : guide de terrain , édition Casterman, 1993

 

« L’automne est un deuxième printemps où chaque feuille est une fleur. »
Albert Camus

Cerisiers flamboyants

 

 

C’est la star du moment, la feuille d’automne. Elle dévoile tout son pouvoir chromatique en se pigmentant avec force, tantôt flamboyante, tantôt ocre, elle joue et sur-joue de sa saturation colorimétrique. Les allées se couvrent de l’or des bouleaux et des hêtres et les cerisiers dégorgent de rouge. L’automne s’affirme devant l’approche de l’hiver, il nous déballe le tapis rouge, et même plus !

 

 

 

 

 

Pourquoi les feuilles changent-elles de couleur ?

Au printemps, la croissance des végétaux s’active, les feuilles se gorgent de chlorophylle pour absorber les rayons du soleil et les redistribuer en énergie lors de la photosynthèse.
C’est le plein d’énergie pour assurer le développement du végétal. C’est la chlorophylle qui donne cette teinte verte aux feuilles. Quand l’automne arrive, la luminosité et la chaleur décroissent et avec elles la concentration de chlorophylle. C’est donc d’autres pigments, toujours présents, qui se révèlent comme la carotène (ce fameux orange des carottes !) ou le xantrophylle (jaune).

Feuille rouge : stop pour les parasites…

La coloration rouge est tout à fait particulière, elle agit comme un véritable feu tricolore à destination des parasites comme les pucerons. En effet, les colorants naturels que sont les anthocyanines rouge/orangés se dévoilent exclusivement à l’automne pour prévenir de la toxicité du végétal. Les futures larves de parasites les épargneront de fait de leur voracité au printemps.
La teinte rouge permet d’enrayer l’homochromie de certains insectes ravageurs verts. L’homochromie est la capacité de se camoufler dans la végétation, si l’insecte est vert et que la végétation passe au rouge le camouflage ne fonctionne plus ! Mis à découverts la régulation des parasites se fait naturellement par le système de prédation des oiseaux par exemple.

 

 

 

Les feuilles s’envolent à la pelle…

Une fois asséchées, les feuilles se détachent des arbres et recouvrent le sol limitant son exposition au froid hivernal. Elles tapissent la végétation et la protège de la chute des températures et du vent glacial.
Cette couverture végétale va abriter bien au chaud des animaux comme les hérissons, qui se nichent pour hiberner dans les amas de feuilles et de branchages, et la micro-faune qui se nourrit de toute cette matière organique.
Le travail des insectes décomposeurs et des champignons va créer de l’humus, une terre bien riche mélangée et enfouie par nos petits travailleurs du sol que sont les vers de terre. Toute cette nourriture toute fraîche va alimenter les arbres en atteignant leurs racines. La boucle est bouclée !

 

 

 

 

Que faire avec vos feuilles dans votre jardin ?

Dans le parc nous évacuons les feuilles des allées piétonnes car elles sont des sources potentielles de chutes, nous les recyclons ainsi directement sur le site, et comme nous vous pouvez à votre échelle les réutiliser ! Comment ?
En paillant vos massifs et vos potagers
• En couvrant des branchages pour faire nicher les hérissons
• En le mélangeant à votre compost pour apporter de la matière carbonée (lien compost)

 

 

 

 

 

Une petite promenade automnale dans notre parc, ça vous tente ? Alors n’hésitez plus et partagez-nous vos photos !

Les feuilles rivalisent avec les écorces des cornouillers

Les feuilles rivalisent avec les écorces des cornouillers

Source

La biodiversité (la diversité du vivant) dépend de la richesse des habitats disponibles sur un site. Dans le Parc, il existe une grande variété de milieux d’accueils propices à l’installation de la faune et de la flore. En vous baladant, vous pouvez rencontrer certains des habitants « naturels » du parc comme le Geai des chênes.

Voici une vidéo d’un Geai adulte prise près du bâtiment administratif

Un corvidé qui ne passe pas inaperçu

Le Geai est un corvidé, de la famille des passereaux. Les corvidés peuvent atteindre 69cm et sont souvent de couleurs sombres et discrètes comme les corneilles, les corbeaux et autres pies. Le Geai au contraire se distingue par sa plus petite taille (36cm), son plumage coloré et ses ailes bleues. Son cri n’est pas le plus mélodieux, nous vous l’avons fait découvrir dans notre article sur l’observation des oiseaux pendant le confinement, mais il devient plus mélodieux lors de sa parade amoureuse !

Le bois pionnier : un milieu préservé essentiel

L’importance de garder des zones boisées, même en milieu urbain, est encore une fois justifiée. Ainsi le bois pionnier, qui a été conservé lors de la création du musée et de son parc, a déterminé l’implantation de cette famille de geais. Ces derniers peuvent également se contenter de petits bosquets, de haies et de vergers, espaces qui se raréfient en milieu urbain.

C’est dans un petit chemin au milieu des bouleaux et des pousses de jeunes chênes qu’un jeune geai sautillant s’est montré à découvert hors de son nid. Une belle naissance au sein du parc qui confirme la ligne de conduite dans la direction de l’entretien de nos espaces.

Un oiseau sur le sol ? Pas d’inquiétude !

Certains oiseaux partent en exploration sous la surveillance de leurs parents, donc pas d’affolement hâtif, il convient d’analyser la situation comme le préconise la Ligue de protection des oiseaux et tenir l’attitude adéquate et si besoin les appeler directement.

Notre petit geai, débusqué dans le bois pionnier, n’était ainsi ni tombé, ni perdu, il a sautillé dans les fourrés en jetant de petits cris, en tendant l’oreille nous pouvions distinguer les réponses en écho de ses parents en hauteur, de manière discrète mais bien perceptible. Ces derniers ont d’ailleurs dévoilé deux autres petits en les nourrissant, leur battement d’ailes anéantissant leur camouflage.

Si d’aventure vous entendez le « rhein » au dessus de vos têtes, vous saurez que la famille geai n’est pas bien loin !

geai juvénile

Geai juvénile découvert dans un chemin du parc

 

 

 

Ils semblent tout droit sortis de l’imaginaire lorsque leur profil macrocéphale nous surprend dans la brume matinale. Les arbres têtards, aussi appelés « trognes » façonnent notre patrimoine paysager rural. On vous dévoile tous leurs mystères…

Des menhirs de bois témoins de notre histoire

Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils en imposent avec leurs troncs massifs ! Ils remplissent plusieurs missions :

  • former une solide clôture pour contenir les bêtes tout en leur offrant de l’ombre
  • fournir les foyers en bois de chauffage
  • délimiter les parcelles de terrain

Les premières traces d’arbres trognés ont été découvertes sur un chêne dès le néolithique, et la pratique se développa par la suite jusqu’au Moyen-Âge pour être généralisée aux 19e et 20e siècle, dans la tradition des haies bocagères. Les haies bocagères sont des haies d’arbres et d’arbustes destinées à délimiter une parcelle. Elles peuvent prendre plusieurs formes dont les arbres têtards, les arbres de hauts jets comme le peuplier ou buissonnant, comme le noisetier.

Il existe autant de trognes que de régions. On pourrait dresser une carte de France et constater la richesse du savoir-faire et donc la diversité des appellations ! C’est pourquoi vous avez peut-être  entendu parler de  trogne du gaulois trugna, « nez, museau » ou comme dans notre région d’arbres têtards en conséquence de leur  grosse tête boursoufflée caractéristique. Les essences diffèrent selon le patrimoine local et de la ligne d’exploitation du bois recueilli. Vers le nord nous trouvons beaucoup de saules le long des fossés ou le long des cours d’eau : gourmands en eau ils sont de très bons stabilisateurs de berges. Un tour de France de trognes mettrait en lumière les activités locales que ce soit pour de la vannerie, du fagotage, de la création de piquets ou de manches pour divers outils. Il est ainsi possible de rencontrer des essences très diverses telles que des trognes de chênes, de frêne, de saules ou de platanes.

Les trognes peuvent être utilisés comme repères visuels pour délimiter des parcelles, d’où leur présence le long des clôtures, ou des champs

Pour créer un arbre têtard, de la patience avant tout ?

On admire la persévérance des créateurs de bonzaï qui modèlent décennies après décennies leurs arbres miniatures. Les arbres têtards exigent aussi une coupe régulière, répétée et droite pour aboutir à cette silhouette si particulière. L’arbrisseau est étêté à 1,50m / 2m du sol, ce qui active le développement des bourgeons et favorise la croissance de rejets. Ces rejets sont les branches qui vont être prélevées. Les années passant, le tronc grossit, un bourrelet surmonté d’une plateforme apparaît. Le temps va poursuivre son œuvre et le ruissellement des eaux de pluie va petit à petit creuser le bois, stagner pour finalement former une cavité dans le tronc. Les plus gros spécimens se développent pendant plusieurs décennies avant d’arriver à maturité. Ils finissent d’ailleurs par s’éventrer sous le poids des années s’ils ne sont pas entretenus régulièrement.

Taille de formation d’un saule têtard

Vous souhaitez obtenir votre arbre têtard ? Voici la marche à suivre avec du saule, technique employée au parc du musée où vous aurez le loisir de les voir évoluer au fil des ans !
La taille de formation se fait en hiver, à sève descendue :

  • La première année un baliveau de saule est obtenu en étêtant un jeune arbre (un baliveau est un jeune arbre de 2 à 4 ans choisi pour son profil bien droit et ses belles ramification, il mesure moins de 2,50 m et son diamètre fait moins de 6 cm)
  • La deuxième année, comme le houpier situé en partie supérieure de l’arbre a disparu, la sève va activer la croissance des bourgeons et former ce qu’on appelle des rejets le long du tronc : de futures branches que l’on va supprimer pour ne garder que les branches du dessus.
  • La troisième année, on laisse l’arbre poursuivre sa croissance en continuant d’enlever d’éventuels rejets
  • La quatrième année le saule peut être recépé, il reprendra vigueur au printemps (recéper un arbre consiste à tailler un arbre en arbuste, en le rabattant à un niveau inférieur pour activer sa repousse).

Taille de formation d’un saule têtard

Un formidable foyer de biodiversité

L’atout écologique de ce type d’entretien est considérable car chaque partie de l’arbre sera colonisée par la vie, à plusieurs échelles :

  • Dans les « dendro micro-habitats », ces petits habitats formés par les fentes, trous ou aspérités des écorces dont ces arbres foisonnent sont particulièrement appréciés par les insectes.
  • Sur les troncs et les branches, on observe la formation de la flore épiphyte (avec un développement hors sol sur l’arbre), de la mousse, des lichens, champignons, insectes
  • Dans les crevasses en partie basse : batraciens, reptiles et petits mammifères
  • Dans les niches en hauteur : oiseaux, rapaces ou chauves-souris

Un panel faunistique et floristique très varié qui regroupe de nombreux habitants heureux d’y trouver refuge : un immeuble XXL en soit !

De la fiction à la réalité…

Que l’on soit poète, d’une imagination fertile ou simple spectateur les arbres têtards invitent au questionnement et à la rêverie . Ces arbres seraient-ils des portes vers un monde fantastique ? Empli de mystères et de secrets ? On dit que les sorcières s’y retrouvaient pour pratiquer leurs rituels… Le saule creux d’Harry Potter n’est-il pas un portail magique ?

Dans la réalité, les arbres tétards sont les témoins d’histoires étonnantes, en tant que cachettes pour trésors ou butins. Plus funestement, en temps de guerre, y trouver refuge pour un soldat en fuite était le risque d’être fusillé à même le tronc…

2020 : l’année des trognes

Malgré un abandon progressif de la création de trognes, l’intérêt de la cause écologique et la ténacité de certains défenseurs du patrimoine rural a permis de remettre sur la table les enjeux du renouvellement du parc des haies de trognes national pour éviter son extinction progressive.

L’engouement est tel que des campagnes de plantation ont été mises en œuvre par des associations, et que l’année 2020 a suscité une mobilisation particulière en tant qu’année des trognes !
Consultez le site trognes.fr pour découvrir des randonnées, visites, projections et débats proposés près de chez vous pour creuser encore plus le sujet. L’occasion de découvrir et protéger le patrimoine rural local !

 

Petit glossaire :

Épiphyte :  le terme épiphyte vient du grec έπί, –epi « sur » et de φυτόν, –phyton « végétal » , il désigne un organisme vivant qui se développe en se servant d’un végétal comme support, sans le parasiter. Cela peut être une plante comme l’orchidée, un champignon ou du lichen. Il n’est pas nocif pour son hôte puisqu’il est simplement posé à sa surface, bénéficiant par exemple de la hauteur pour capter l’humidité de l’air ou une meilleure luminosité et se nourrissant des déchets organiques se déposant au creux des branches.

Houpier : Le houpier ou couronne correspond à la partie supérieure d’un arbre juste au-dessus du tronc, c’est la structure de branchages constituée de la ramure (rameaux et branchages) et du feuillage. La cime est la partie de l’extrémité supérieure de l’arbre, au-dessus du houpier.

Rejet : Quand on regarde un arbre, il faut imaginer son volume en racines dans le sol. Comme un effet miroir, il prend de l’envergure au-dessus et en dessous ! Quand un arbre est recépé, c’est-à-dire que ses branches sont coupées à un niveau donné de manière naturelle (quand les vaches les mangent par exemple) ou par la main de l’homme,  le système racinaire lui ne change pas, il va y avoir une poussée de croissance et le développement de bourgeons. On dit alors que l’arbre va  ‘rejeter’ vigoureusement et donc produire ce que l’on appelle des rejets : de nouvelles branches.

Sources :

http://www.oncfs.gouv.fr/IMG/pdf/Arbres-tetards-ONCFS-Focus.pdf

https://trognes.fr/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Trogne_(arbre)

Qu’on ait un grand ou un petit espace, des gestes simples suffisent pour favoriser la biodiversité : la diversité du vivant.
Un balcon ?  Un jardin ? Une façade ? Vous trouverez au moins une astuce à appliquer chez vous !

 

1 – Fleurissez vos espaces !

Avoir des fleurs, c’est offrir de quoi butiner aux pollinisateurs ! Fleurir son balcon, c’est aménager une bulle de nature dans laquelle la faune va pouvoir faire étape avant de continuer son chemin vers le jardin du voisin, au coin de la rue. On voit se développer en milieu urbain des fleurissements de façades et allées, sans oublier les murs et les toitures et terrasses qui se végétalisent aussi ! Regardez ce jardin urbain : ses murs bien exploités supportent en ce moment-même cette magnifique clématite des montagnes ! Mélifère à souhait, c’est une cascade de fleurs qui s’écoule dans le jardin !

Merci à Nadège pour cette photo montrant sa Clématite des montagnes, Clematis Montana.

2 – Aménager un point d’eau

L’eau est source de vie, c’est la clé pour diversifier le vivant. Qu’il soit grand ou petit, l’important c’est de pouvoir étancher la soif des oiseaux et des insectes volants ! Une coupelle avec des cailloux, un abreuvoir, un bac aquatique, un bassin ou une mare, peu importe l’échelle : la présence d’eau apporte la vie, petite ou grande !

Bassin d’agrément avec des pierres disposées de manière à faciliter l’abreuvage de la faune

 

Bassin d’agrément avec branches et rampe d’accès pour faciliter l’abreuvage de la faune

3 – Laisser un coin sauvage

Un espace tondu est agréable pour profiter du jardin et parfait pour profiter de l’extérieur. Alors, tondre oui, mais pas partout et pas trop court !
Le gazon rasé de près est une monoculture hostile au développement d’autres végétaux et à la vie en générale. Pour favoriser la diversité, laisser un coin d’herbes folles est l’idéal ! Les insectes et petits animaux auront de quoi se cacher, et l’humidité au pied de la végétation évitera un assèchement du sol en période de temps sec.

Exemple de végétation spontanée

 

Pensées qui investissent une pelouse et un paillage de pommes de pin

La végétation spontanée ayant l’avantage d’être adaptée à sa zone d’implantation, vous aurez peut-être la surprise de voir s’implanter des végétaux intéressants voire médicinaux !

Consoude officinale qui a fait sa place dans un verger

4 – Aménagez des espaces diversifiés

En offrant le plus grand panel d’habitats possibles, on multiplie les chances d’enrichir la variété d’espèces qui vont coloniser les lieux. Des zones d’ombres, de plein soleil, un tas de sable ou un tas de pierre, des bosses ou des creux sont autant de possibilités pour y accueillir des habitants ! Insectes, reptiles et batraciens seront les plus heureux !

Digne d’un temple Inca, une construction d’enfants à base de briques et de tuiles

5 – Installer des abris pour la faune et la flore

Chaque recoin, même des plus inaccessibles, est une opportunité peut-être insoupçonnée pour les animaux : et si vous aménagiez des coins douillets pour accueillir ce qui vous plaît chez-vous ? Vous êtes plutôt oiseaux ? Hérissons ? Chauves-souris ? Lérots ?

Abri à lérot

Abri à hérisson

6 – Zéro phyto !

N’utiliser aucun produit chimique, c’est être certain de ne pas perturber l’équilibre d’un écosystème et éviter tout impact sur l’environnement. C’est avec une gestion douce et des méthodes alternatives naturelles que nous préserverons le capital écologique !

7 – Planter une haie vive

Une vue aérienne de nos jardins dévoilerait une succession de rectangles verts sur fond vert. Avec nos haies de thuyas ou de cyprès taillés au cordeau, nous généralisons le phénomène de monoculture pauvre en biodiversité.  Adopter des arbres et arbustes colorés pour les yeux, fleuris pour les pollinisateurs, garnis de fruits pour les animaux et pourquoi pas odorants ?! Jouer sur les contrastes des végétaux qui évoluent et nous charment au fil les saisons, c’est aussi apporter une touche de gaieté !

8 – Accepter les mal-aimés

La nature fait bien les choses : chaque être vivant tient un rôle dans son écosystème. Même si certaines espèces animales ou végétales ont un capital sympathie moindre, ils sont la pièce d’une mécanique bien huilée ! Maintenons leur une petite place !

 

La luminosité augmente, l’air se réchauffe en journée, et tels de petits astres qui éclosent encore timidement de-ci de-là, c’est bientôt une nuée de petits soleils qui s’apprêtent à inonder notre paysage. Bienvenue au printemps, bienvenue aux pissenlits !

La plante aux dents de lion !

Le nom pissenlit regroupe des centaines d’espèces et de sous-espèces. Le pissenlit « véritable » est le taraxacum officinale ou taraxacum dens leonis. Dent de lion est son nom commun, nom qu’il doit à la forme dentelée de ses feuilles. Le mot pissenlit ferait aussi référence à ses propriétés diurétiques…

Feuille dentelée de pissenlit

On reconnaît les pissenlits à leurs rosettes d’où s’élancent de longues tiges creuses surplombées par une inflorescence jaune : le capitule. Chaque capitule est formé par de multiples petites fleurs posées les unes contre les autres sur le réceptacle floral. La fleur de pissenlit est en fait un minuscule bouquet de fleurs !

Capitule de pissenlit

Une racine qui se visse !

Avez-vous déjà essayé de déterrer un pissenlit ? Ce n’est pas une mince affaire !
Sa racine est épaisse et puissante, elle s’enfonce loin dans le sol même le plus compact : c’est ce qu’on appelle une racine pivot. Pour corriger un sol bien tassé rien de tel qu’une racine qui se visse littéralement sur place !  Rien n’est dû au hasard, les racines pivots aèrent naturellement et ameublissent les sols durs.

Racine de pissenlit

L’une des premières fleurs du printemps

Certains vous diront : « Les pissenlits ? Pouah ! c’est de la mauvaise herbe ! », alors qu’ils sont un trésor pour la biodiversité.
Le printemps est là. Désormais, la faune et la flore sortent de leur léthargie. Imaginons la petite abeille, bien à l’abri dans sa ruche qui va vouloir trouver rapidement de quoi se ravitailler. Affamée et fragilisée, le temps est précieux : son énergie est limitée. Pour elle, le pissenlit est un mets de choix puisqu’il fait partie des plantes mellifères les plus nectarifères ! La petite abeille n’est pas seule à chercher de la nourriture alors un champs de pissenlit en attendant les futures floraisons est un atout très précieux.

Le Parc du musée a adopté le pissenlit

Le Parc du Louvre-Lens a donné une place de choix aux pissenlits et cette démarche est assez inédite. Le cavalier Nord est l’exemple parfait de l’implantation spontanée et réussie de cette plante dans un parc paysager qui se couvre d’or lorsque la floraison démarre. Des milliers de bouquets que la nature offre à ses hôtes ! Les insectes y sont prospères, c’est une volonté assumée que de préserver la spontanéité de la colonisation du site, la nature a décidé d’y placer le pissenlit et nous l’accompagnons !

Tout se mange dans le pissenlit !

Chaque partie du végétal est comestible, avec ses nombreuses propriétés il est la base de multiples recettes dépuratives et détox. Que ce soit les très jeunes pousses en salade, les fleurs en gelées ou même la racine en infusion, ses vertus sont reconnues depuis longtemps. Et pourquoi ne pas essayer de faire un café de pissenlit ? La racine de pissenlit peut être torréfiée et broyée pour remplacer le café traditionnel, avec son goût corsé et caramélisé entre café et chicorée…

Le Pissenlit #madeinconfinement

Vous n’avez pas de jardin, les sorties sont limitées… Faites entrer les pissenlits et les autres fleurs à la maison et fleurissez vos fenêtres avec les enfants !

Matériel :

Une feuille, de la peinture, un rouleau de papier hygiénique et le tour est joué !

  • Découpez la tranche de votre rouleau de papier toilette sur 2 cm
  • Pressez votre rouleau sur la table pour écarter les franges obtenues
  • Dans une assiette versez votre peinture jaune
  • Tamponnez votre rouleau dans la peinture
  • Reproduisez la fleur sur une feuille

 

À votre tour de jouer : faites comme Arthur, montrez-nous vos chefs-d’œuvre !

Arthur, 6 ans, Mars 2020

 

Maintenant que tout le monde a son pissenlit : fermez les yeux, faîtes un vœu, et soufflez !

 

Qui n’a jamais été piqué par un végétal au détour d’une promenade dans les bois ? À quoi servent les épines ?

Un système défensif

En biologie végétale on appelle cataphylle , du grec kata, « en bas » et phyllon, « feuille », une feuille qui n’est pas utilisée pour la photosynthèse mais comme organe de stockage, de protection ou le soutien structurel. Pour assurer leur survie, les végétaux s’adaptent à leur environnement et il faut dire qu’une aiguille bien pointue est une arme redoutable pour se protéger des assauts des herbivores et des ruminants ! La distinction entre épine et aiguillon vient du fait que l’épine fait corps avec le végétal : l’arracher viendrait le blesser tandis que l’aiguillon peut être retiré sans créer de dommage, c’est le cas du rosier. Tantôt fines, épaisses, denses ou éparses les épines sont un condensé de technologie végétale.

Une adaptation au milieu climatique

De par sa forme et sa surface, l’épine va mieux supporter les fluctuations de la température qu’une feuille. Elle pourra évacuer la chaleur plus facilement selon sa taille et sa surface, comme les mûriers ou les rosiers.

Épine sur tige retombante de rosier sauvage, Potager Pédagogique, janvier 2020

Les épines des ajoncs d’Europe, Ulex Europaeus, sont creuses. L’air encapsulé en leur intérieur joue le rôle d’isolant, ce qui permet une régulation de la température. Elles permettent également d’absorber et de retenir l’eau atmosphérique ou de la rosée du matin, par concentration de gouttelettes autour d’elles. Cette méthode d’adaptation est portée à l’extrême dans les régions les plus chaudes et inhospitalières du globe.  Vous pouvez en ce moment même admirer la floraison de nos ajoncs dans le parc, à l’entrée Nord et sur la plaine ludique. Cette floraison tardive en hiver fournit du nectar aux insectes.

Ajoncs d’Europe en fleurs, janvier 2020

Un excellent système d’accroche

Les épines offrent un excellent système d’accroche aux ronces et rosiers lianes. Dans le potager pédagogique, la dégénérescence d’un arbre en bord de bassin a profité à l’expansion d’un rosier sauvage qui a totalement recouvert sa « charpente », formant un nouvel arbre en symbiose. La mort de l’un a bénéficié à l’autre, poursuivant le cycle de la vie. Par la suite, le bois mort se décomposera lentement, attirant les insectes décomposeurs et leurs prédateurs naturels. Un jour le processus entraînera la destruction de cette ossature opportune et nous rappellera que la nature est en mouvement perpétuel.

 

Rosier sauvage investissant le tronc d’un arbre mort, Potager pédagogique, janvier 2020

Une forteresse de biodiversité

Ce qui repousse les uns attire les autres ! Bien à l’abri derrière ces fortifications spontanées, une cité foisonne. Les pruneliers et aubépines protègent la microfaune des prédateurs et la profusion de leurs baies séduit les oiseaux, merles et troglodytes, ainsi que les petits mammifères. L’endroit est également très apprécié des insectes et des chenilles : cela participe au maintien de la biodiversité, notamment à la subsistance des papillons locaux. Quand la place le permet, il est donc toujours intéressant d’avoir un petit coin de jardin réservé à cette faune particulière. En plus, il n’y a rien à faire, à part laisser tranquille un tas de branches et des ronciers !

 

Des haies défensives naturelles

Un arbre très évocateur du passé minier du territoire est conservé dans le parc. Sa particularité est d’avoir de longues piques acérées sur les rameaux les plus jeunes : il s’agit du Robinier faux-acacias, Robinia pseudo-acacia. Il était planté le long des cavaliers miniers, ces voies de chemins de fer qu’empruntaient les wagons de matériaux, et servait de clôture végétale pour sécuriser les voies des intrusions extérieures. Il contribuait aussi à stabiliser les remblais schisteux et à consolider les galeries souterraines grâce à sa robustesse et à son caractère imputrescible. Lors des travaux de tailles que nous effectuons l’hiver, toutes les ressources sont valorisées directement sur site. Par exemple, les perches de robinier sont  employées pour fabriquer des barrières végétales, avec ou sans épines.

Barrière végétale en Robinier faux acacia, février 2020

Le saviez-vous ? Le sapin n’a pas d’épines !

Ce sont bien des aiguilles, et non des épines ! De nombreux conifères comme nos Pins noirs, Pinus nigra, ont eux aussi adapté la morphologie de leur feuille à la sécheresse. L’évolution et l’adaptation des arbres peut être tout à fait étonnante : par exemple, les feuilles de Gingko biloba, « l’arbre aux 40 écus », sont en forme d’éventail. Il donne pourtant l’impression d’avoir fusionné ses aiguilles au fil des millénaires. C’est une espèce dite « panchronique » de par sa ressemblance morphologique avec des espèces disparues et identifiées sous forme de fossile. Son apparition sur terre date de 270 millions d’années et il peut vivre 4000 ans. Il est reconnu pour sa robustesse légendaire et aurait même survécu à Hiroshima !

Feuille en éventail de Gingko biloba

 

En cette saison, la nature découverte expose le feuillage persistant de végétaux indispensables pour la biodiversité. Les arbres dégarnis dévoilent leurs manteaux de lierre.

Le lierre grimpant n’est pas un parasite

A tort, le lierre est communément considéré comme un parasite. On le confond avec le gui qui perce l’écorce des arbres comme de redoutables clous pour atteindre la sève. Le lierre, lui, possède ses propres racines et se nourrit directement dans le sol riche en matière organique fournie par la décomposition des feuilles de l’arbre.
La végétation du lierre couvre les arbres nus.

Le lierre grimpant recouvre les arbres nus

L’arbre et le lierre : un échange de bons procédés

C’est une véritable symbiose qui s’opère entre l’arbre et le lierre. Étymologiquement le lierre, hedera helix, traduit ses qualités pour être attaché (hedera)et s’enrouler (helix). Cette liane arbustive a besoin d’un support pour s’étendre. L’arbre devient alors son ossature pour ne former qu’un grand ensemble végétal vivant en bonne intelligence. Dans un premier temps, il va ramper pour former un couvre sol de sous-bois lors de son stade juvénile. Ensuite, en quête de soleil à l’âge adulte, il remonte le long du tronc de l’arbre. Agrippé à l’écorce à l’aide de petits crampons, le lierre protège alors le tronc des agressions climatiques, sans lui nuire. Lorsque le lierre recouvre totalement un arbre, c’est que celui-ci est sénescent (en fin de vie).

Fixation des crampons racinaires sur l’écorce d’un bouleau

Le lierre contribue à l’émergence d’une riche biodiversité

Cette coopération va faire émerger un écosystème entier riche de biodiversité avec des  colonies de mousses, de champignons, d’insectes et de petites faunes. Le système s’équilibre peu à peu au travers de la concurrence des plantes et génère ainsi une joyeuse cohabitation de la faune et la flore. Le lierre fleurit en automne et offre aux prémices de l’hiver le dernier nectar pour les pollinisateurs. La colette du lierre (Colletes hederae) est d’ailleurs une abeille qui utilise le pollen des feuilles de lierre pour garnir les loges de ses larves, creusées dans les sols sableux ou argileux.

Les fruits hivernaux, toxiques pour les mammifères, sont des mets de choix pour les passereaux, les mésanges, les pinsons, les rouge-gorges, les geais, les merles ou encore les grives.

Le lierre et ses légendes

Avec sa verdure hivernale qui nous rappelle que le retour du printemps est pour bientôt, le lierre symbolise le renouveau.

De par sa robustesse et son feuillage persistant, cette liane d’immortalité était dédiée au dieu égyptien Osiris.
Dans la mythologie Romaine c’est Bacchus qui est coiffé de lierre et de vigne, attributs qui le protègent des maux de l’ébriété dont il souffrait en tant que divinité de la vigne, des festivités, de la danse et de la végétation.  On retrouve le lierre en Galerie du temps, dans un célèbre tableau de Nicolas Poussin.

Nicolas Poussin, Fête en l’honneur de Bacchus, dieu romain du vin, dite La Grande Bacchanale, vers 1627-1628, huile sur toile, h. 1,21 ; l. 1,75 m, Paris, musée du Louvre, INV 7296, Collection du roi de France Louis XIV (1643-1715)

 

La recette de la lessive de lierre : écologique et économique !

Grâce à son pouvoir saponifiant, la lessive de lierre est une recette très facile à réaliser ! Les ingrédients nécessaires ne manquent pas dans la nature !

Comment procéder ?

  • Ramasser une cinquantaine de feuilles de lierre et les équeuter
  • Rincer et froisser les feuilles de lierre (avec des gants pour prévenir les allergies)
  • Les placer dans une casserole dans un 1 litre d’eau, couvrir et porter à ébullition, puis laisser bouillir 15 minutes
  • Laisser poser une nuit sans découvrir, filtrer à l’aide d’un collant puis remplir un bidon ou une bouteille en verre
  • Se conserve environ 3 semaines au réfrigérateur

Le saviez-vous ?

Les oiseaux ne digèrent pas les graines des baies de lierre. Leurs déjections contribuent à la colonisation du lierre sur le territoire. C’est ce qu’on appelle la zoochorie, le mode de dispersion des graines grâce aux animaux.

Baie de lierre, décembre 2019

 

Sources :

http://www.humanite-biodiversite.fr/temoignage-oasis/le-lierre

https://www.lechemindelanature.com/2016/11/18/lierre/

Le Lierre, La hulotte, collection 11, N° 106 et 107, 01/01/19

Molène bouillon-blanc, entrée principale du musée © Louvre-Lens / F. Iovino


Une plante qui apprécie les lieux hostiles

Un sol rocailleux, caillouteux et sec : voilà un terrain qui paraît bien défavorable pour le végétal ! Certaines plantes trouvent cependant ces espaces attractifs et s’y épanouissent aisément. La nature a pensé à tout !

Le terril plat auquel le parc s’adosse est constitué d’un sol pauvre et drainant. C’est un terrain de jeu idéal pour la molène qui a investi notre parc.

Deux années sont nécessaires pour admirer sa floraison !

Tantôt discrète, tantôt dressée, le bouillon blanc de la famille des molènes (Verbascum thapsus) est ce qu’on appelle une plante bisannuelle : son cycle se poursuit sur deux années.

La première année, la graine germe et forme une rosette, une base garnie de grosses feuilles épaisses recouvertes d’un fin duvet blanc doux au toucher.

La seconde année, après avoir subi une période hivernale, elle élève sa hampe florale. Il est alors difficile de l’ignorer du haut de ses 1,50m à 2m de haut ! Vous l’avez peut-être croisée ? Elle essaie de rivaliser avec les parois du bâtiment, et il faut avouer qu’elle y est presque arrivée, déployant ses fleurs jaunes une à une, et se réfléchissant fièrement sur les parois d’aluminium. Chaque fleur donnée ne fleurit qu’une seule journée.

Son duvet : un airbag naturel

L’origine du mot « molène » viendrait de la mollesse de ses feuilles et verbascum serait une déformation du latin barbascum qui signifie « barbue ». Cet ingénieux système de poils emprisonnant l’air lui offre une protection contre les agressions extérieures.

Une plante aux multiples vertus

Cette plante médicinale était connue de la célèbre Sainte Hildegarde Von Bingen, religieuse du 12e siècle et guérisseuse. Elle la cultivait dans le jardin de son monastère : les corolles de fleurs séchées étaient utilisées en infusion pour calmer les toux et les infections respiratoires. Les feuilles, trempées dans du lait, servaient de cataplasme pour leurs qualités apaisantes et cicatrisantes.

Plante magique, on lui prête d’innombrables qualités : elle protégerait non seulement de nombreux maux mais éloignerait également les mauvais sorts !

Le Cierge de notre dame

Enduite de poix ou de suif, sa longue hampe servait de torche ou de bougie au Moyen-âge, d’où ses noms de « Cierge de Notre-Dame » ou de « Grand Chandelier ». On l’appelle aussi « Queue de loup » car selon la légende, dissimulée dans la poche, elle protégerait des attaques des canidés…

La molène, star d’un tableau

La molène nous fascine et inspire les artistes depuis toujours. On peut en admirer une représentation par Jan Stanislawski dans l’exposition Pologne 1840-1918. Peindre l’âme d’une nation (jusqu’au 20 janvier 2020).

Jan Stanisławski, Molène (Dziewanna), 1895, huile sur toile, H. 38 cm ; L. 67 cm, Cracovie, Château Royal de Wawel, inv. 7428

Dans cette huile sur toile datée de 1895 et intitulée Molène, « Stanislawski exprima sa vision panthéiste de la nature non dans de grands panneaux, comme Monet, mais à l’aide de fragments, d’états changeants, de subtiles apparitions sous forme de plantes sauvages comme les chardons, les molènes, les tournesols. »

Agnieska Rosales Rodriguez, 2019 « Paysages à découvrir ». Dans Pologne 1840-1918. Peindre l’âme d’une nation, sous la direction de Iwona Danielewicz, Agnieska Rosales Rodriguez, Marie Lavandier, Luc Piralla-Heng Vong, p. 309. Catalogue d’exposition (Lens, Musée du Louvre-Lens, 25 septembre 2019-20 janvier 2020). Éditions Snoeck.

La molène floconneuse, cousine singulière de la molène

Plus rare, sa cousine, la molène floconneuse (Verbascum pulverulentum) est aussi présente dans le parc du Louvre-Lens. Sa hampe est plus éclatée, son duvet plus fourni.

Molène floconneuse avec sa hampe florale éclatée

Nous suivons attentivement son évolution afin de la préserver en adaptant nos actions : nous savons exactement à quels endroits se trouvent les stations de molènes floconneuse et suivons avec soin sa migration, année après année.

 

Sources :

https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/128660

https://www.inaturalist.org/taxa/56165-Verbascum/browse_photos

https://laplumedeloiseaulyre.com/?p=3300