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Bienvenue au royaume des champignons !

Depuis quelques semaines de curieux petits chapeaux pointent de-ci de-là dans le parc, tantôt petits et discrets tantôt grands et fiers ! Solitaires ou en famille, ils subliment les feuilles d’automne de leur couleur varié : les champignons investissent le parc.

Ni animal…ni végétal !

Les champignons sont un groupe d’espèces vivantes bien plus important que ce que nous voyons familièrement autour de nous dans nos parcs et jardins. Ce royaume d’espèce est distinct du monde animal et végétal. Le père de la botanique Théophraste au IIIème Siècle avant notre ère classera les champignons en quatre grands types :

  • Les champignons poussant sous terre comme les truffes ;
  • Les champignons en forme de coupe comme les pézizes ;
  • Les champignons de forme arrondie, les vesses-de loup ;
  • Les champignons à chapeau et à pied.

La partie visible, c’est comme le fruit d’une plante, on le nomme carpophore ou sporophore et les « graines » sont des amas de spores. Souvent invisibles à nos yeux, on peut les voir s’envoler en nuage lorsqu’ils rencontrent le bout de nos chaussures ! Ces fameuses boursouflures blanches des vesses-de loup !

Vesse de loup, clairière du bois pionnier, 2019

Tout un monde sous vos pieds !

Coprinus comatus, Coprin chevelu, bois pionnier 2020

Tout ce petit monde a un point commun : une structure constituée de minuscules corps filamenteux qui s’enchevêtrent dans le sol ou le bois que l’on appelle le mycélium. C’est le corps permanent des champignons, il est composé de filaments appelés hyphes. Ces hyphes se ramifient pour former un réseau fongique qui va se développer.

La forme et la texture du mycélium varient : blanc, translucide, rose jaune ou rose. Il peut se développer concentriquement donnant naissance aux fameux Ronds de sorcière ! Il n’est pas rare que surgisse au petit matin un cercle de champignons, en avez-vous déjà aperçu chez vous ou dans notre parc ? Le folklore local nourrit de nombreuses légendes autour de ces cercles mystérieux qui s’agrandissent d’année en année selon le type de champignon. Elfes ? Farfadets ? Rituels magiques ? Seraient-ils des empreintes du passage de quelques sorcières ? Exauceraient-ils les souhaits formulés en leur centre les nuits de pleine lune ?

Dis-moi ce que tu manges, je te dirais qui tu es !

On peut classifier les champignons par leur mode de nutrition, ce classement permet d’y voir un peu plus clair sur les types de champignons que vous pouvez rencontrer !

1 – Les saprophytes ou saprotrophes , du grec « sapros » putride,  sont des décomposeurs. En se nourrissant de la matière organique morte ou en décomposition, ils vont la faire disparaître. C’est ainsi que se recyclent les restes de feuilles, de bois, d’animaux et d’excréments.

2 – Les parasites ont besoin d’un hôte, ils dépendent d’une matière organique vivante (végétaux, animaux, hommes ou même champignons), et peuvent agir sur sa santé.

Fomes fomentarius, l’Amadouvier est un parasite, dit polypore allume-feu dont la poudre séchée est inflammable a été retrouvée dans le Sac d ötzi retrouvé qui a vécu dans le Tyrol à -5000 av.J.C.

 

3 – Les mycorhizes, du grec « myco » champignon et « rhiza » , vivent en association avec un végétal. Ils sont en symbiose. C’est un échange de bons procédés. Le végétal fournit au champignon les éléments organiques en échange d’eau, et de minéraux…

4 – Les endophytes se développent dans le végétal entier. Ils protègent la plante en produisant des molécules qui peuvent être antibiotiques, insecticides, ou même neurotoxiques pour les herbivores !

Le mycélium : l’internet naturel de la terre

Sujets de nombreuses études, les réseaux de mycéliums et de mycorhizes ne cessent de surprendre les chercheurs. Cette symbiose entre le champignon et le végétal témoigne d’une véritable coopération. Les mycorhizes vont se développer tout autour du système racinaire du végétal pour atteindre un rapport de 1m de racines pour 1000m de filaments mycéliens. La capacité d’exploration de la zone par les poils absorbant des racines est alors multiplié par 10 000 !

Le mycélium établit ainsi une connexion entre les racines des arbres et les arbres entre eux dans un réseau d’échange ininterrompu d’information.

Un sol en bonne santé et propice à la culture contient des champignons, c’est le cas également de votre potager ! Dans les potagers du parc, les différents paillages permettent leur développement et participent à l’équilibre et à la bonne santé de nos légumes. Chez certains pépiniéristes, des arbres sont même vendus avec du mycélium de truffe !

Le saviez-vous ?

Depuis 2400 ans l’Armillaria ostroyae s’étend sur 8,9 Km2 dans la forêt nationale de Malheur dans l’Oregon, sur un mètre de profondeur dans le sol. C’est la plus grosse colonie découverte à ce jour ! Les réseaux peuvent être si dense que chacun de nos pas résonnent dans le mycélium lors de nos baladent en forêt…

A votre tour de découvrir des champignons !

Maintenant c’est à vous de jouer, ouvrez l’œil autour de vous… scrutez votre environnement pour les débusquer !  Les températures douces et l’humidité de l’automne en font évidement la saison  idéale pour les débusquer. Ils apparaissent autour de nous parfois en une nuit !

Où les trouver ?

Là où ils poussent…C’est le support de culture qui définit en majeure partie le type de champignon. Vous les trouverez ainsi aux pieds des arbres, sur les branches et les rameaux tombés au sol, dans les herbes, les amas de feuilles en décomposition. Munissez vous d’un appareil photo et d’une loupe, vous pourrez observer et photographier les spécimens les plus petits en plaçant la loupe devant l’objectif. Avec un peu d’entraînement explorations seront de plus en plus aguerries !

Petits spécimens poussant sur les murs végétalisés de la rue Paul Bert

Comment l’identifier et que regarder ?

Sur le site, on déterminera le type de substrat, c’est à dire la matière sur laquelle le champignon s’est développé, son odeur et sa couleur. Une photographie de la zone avec d’autres champignons à divers stades de développement peuvent-être fort utiles pour l’identification.

  • A-t-il un chapeau ? quel est son diamètre ? sa couleur ? est-il craquelé ? Gluant ou collant ? strié ?
  • Ses lames : Sont-elles denses ? attachées au chapeau ? leur couleur ?
  • Son pied : hauteur ? diamètre ? couleur et texture ? Un anneau des écailles ?
  • Sa chair : change-t-elle de couleur à la cassure ? en séchant ?

Les clés d’identifications sont nombreuses, vous pourrez les découvrir dans de nombreux ouvrages et auprès de professionnels. Certains champignons se ressemblent beaucoup, c’est pourquoi certaines précautions sont à prendre. Au-delà des qualités gustatives c’est un univers totalement passionnant qui ravive des sentiments d’étonnement et d’émerveillement quand on se trouve devant un spécimen remarquable !

Strophaire aeruginosa, strophaire et son chapeau bleu gluant

Quelques conseils pour vos sorties champignons

  • Ne jamais manger un champignon sans avoir vérifier sa comestibilité auprès d’un professionnel
  • Toujours se laver les mains après avoir touché un champignon,
  • Porter des gants pour manipuler les vénéneux
  • Ne pas mélanger les champignons dans votre panier

Amanita muscaria, Amanie tue-mouche, bois pionnier 2020

Sources

https://www.nexus.fr/wp-content/uploads/2014/12/Mycelium_NEXUS94.pdf
Brian spooner et Thomas Laesseoe, Les champignons : guide de terrain , édition Casterman, 1993

 

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