Gothiques

Le mot « gothique » résonne avec la période artistique exceptionnelle des bâtisseurs de cathédrales au Moyen Âge. De sa naissance en Île-de-France et en Picardie au 12e siècle jusqu’à nos jours, l’art gothique puis néo-gothique a abouti à imaginer des formes artistiques exceptionnelles et multiples, dont la force d’expression a traversé les siècles : sa beauté, sa variété et son caractère grandiose sont sources d’émerveillement, par ses motifs, son élégance humaniste, ses échos fantastiques, et la manière dont il accompagne d’incroyables prouesses techniques de construction. Englobant tous les arts, de l’architecture, à la sculpture, aux vitraux ou encore aux manuscrits enluminés, le gothique du Moyen Âge offre un visage différent à chacun selon sa sensibilité.
Qu’entend-on aujourd’hui par « gothique » ? À ses origines, l’on peut considérer qu’il diffère de l’art roman par sa composante humaniste et harmonieuse, élaborée à partir de recherches françaises et européennes, en particulier les traditions savantes des moines et artistes de Cluny, de Saint-Denis et de la vallée de la Meuse. Ainsi, dès les années 1200, un même langage européen se diffuse, nourri par la puissance intellectuelle et artistique de la capitale des rois de France, avant qu’une nouvelle tendance, encore plus monumentale, ne s’impose à la cour du roi Louis IX, futur Saint Louis, pour s’étendre ensuite et alimenter la création artistique européenne.
Le roi Childebert Ier, 1239-1244, sculpture, Paris, musée du Louvre, département des sculptures © GrandPalaisRmn (musée du Louvre) / Tony Querrec

vue de l'ensemble
Cette créativité et ce savoir-faire qui accompagnent l’art des cathédrales sont aussi adoptés par les artistes travaillant pour les monarques et puissants de l’époque. L’art gothique définit désormais son temps. Des foyers variés et autonomes apparaissent. En parallèle de l’architecture gothique des grandes cathédrales et de sa conquête de la hauteur, un naturalisme dans les représentations des personnes et des plantes naît de la rencontre entre la tradition française et les sculpteurs venus du Nord de l’Europe. À cela s’ajoutent les recherches de l’art italien et avignonnais permettant les échanges de l’art gothique international vers 1400, dont la souplesse et la virtuosité séduisent l’ensemble des cours européennes.
Au travers des chefs-d’œuvre en pierre, en marbre et albâtre, en matériaux précieux comme l’ivoire ainsi que sur parchemin enluminé, l’on retrouve les caractères dans lesquels l’art néo-gothique et l’imaginaire des 20e et 21e siècles puisent par la suite leur définition de l’art gothique.
Une explosion de formes et de richesse décorative marque le 15e siècle, puis le début du 16e siècle, mouvement que l’on reconnaît depuis quelques années comme un « gothique de la Renaissance ». Son imaginaire, en particulier dans le domaine de l’art germanique et brabançon, est propice à forger le bestiaire et les gargouilles qui restent ancrés profondément dans l’imaginaire occidental, sans oublier l’écriture, faite de lignes droites, de hampes, de jambages et de crêtes et dont l’élégance se reconnaît immédiatement dans les livres, les chartes comme dans les inscriptions gravées dans la pierre.
Sait-on que le mot « gothique » est postérieur au mouvement qu’il désigne ? C’est d’abord aux 15e et 16e siècles, dans le contexte de la Renaissance italienne, qu’apparaît ce nom pour désigner, avec une dimension étonnamment dépréciative, la rupture du retour à l’Antique après plusieurs siècles de flamboyance. Pourtant, il reste présent dans les arts, aussi bien dans le gothique tardif, dit gothique de la Renaissance, que dans sa coexistence avec la naissance du classicisme.
Une vision obscure et presque en noir et blanc s’attache aux ruines gothiques de façon précoce en Angleterre. Progressivement, dès le 18e siècle et particulièrement au 19e siècle, d’art de la couleur, le gothique devient aussi celui du noir. Le gothique est de nouveau célébré pour son inventivité, il est étudié par des historiens et les artistes puisent dans ce modèle et cette ressource. L’écrivain Victor Hugo et l’architecte Viollet-le-Duc participent à cette reconsidération des cathédrales, dont les grands chantiers de restaurations sont lancés, avec l’exemple de Notre-Dame de Paris. Le 19e siècle est en particulier celui du Gothic Revival, de l’« éloge du gothique », selon l’expression de l’historien John Ruskin. De l’Angleterre à la France ou l’Allemagne, mais aussi en Amérique du Nord, voire même ponctuellement en Asie, les artistes de toutes disciplines, y compris dans les arts de l’industrie, se tournent vers le « néo-gothique ».
Au fur et à mesure, et particulièrement au 20e siècle, ces thèmes et les motifs du gothique sont repris voire appropriés par des mouvements idéologiques et politiques. Les artistes de la modernité, en littérature, en arts plastiques comme au cinéma, y puisent également une inspiration d’avant-garde. À l’époque contemporaine, le mot « gothique » résonne dans la contre-culture et la musique punk et metal. Fantasy, jeux vidéo, mode, ou même en art contemporain, notamment avec le Digital Gothic et le Gothique Futuriste soulignent l’importance d’un imaginaire sans cesse renouvelé, jusqu’à aujourd’hui. Pour les artistes, le Moyen Âge est plus que jamais un art contemporain.

Scénographie : un voyage à travers les gothiques
La scénographie de l’exposition propose de « vivre le gothique ».
Après une entrée en clin d’œil à Notre-Dame de Paris et sa rose, le parcours reprend le plan d’une cathédrale, avec sa nef et ses bas-côtés. Architecture, luminosité, couleurs : au fil des parties, elle évoque les codes du gothique et leur évolution à travers les âges.
Une série d’arcs brisés scande les espaces en enfilade, jusqu’au point de bascule, équivalent du chœur. La succession des salles tend peu à peu vers l’esthétique du noir et blanc, résonnant avec la dualité et la richesse de ce mouvement.
Period rooms et univers gothiques
Des espaces trans-chronologiques proposent des incursions thématiques au cœur du parcours de l’exposition. Ils invitent à explorer les univers foisonnants de l’écriture, de la musique et de la danse, ainsi que des couleurs du gothique, dont le noir et blanc, qui nourrissent aujourd’hui encore nos imaginaires.
Des periods rooms proposent aux visiteurs et visiteuses de découvrir tour à tour deux intérieurs, témoignant de l’héritage et de la vitalité du gothique. Le premier est un bureau complet néo-gothique exceptionnellement conservé dans son entièreté, acquis récemment par les musées de Strasbourg. Le deuxième est une chambre-salon gothique d’aujourd’hui, avec sa bibliothèque, ses musiques et ses œuvres. Elle a été recréée avec l’aide de deux habitantes, Christine et Thérèse, de culture gothique et impliquées dans l’organisation de manifestations culturelles gothiques dans les Hauts-de-France et en Belgique.

À partir du mercredi 24/09
En période scolaire, tous les jours sauf le mardi à 11h et 15h.
Pendant les vacances scolaires (zone B), tous les jours sauf le mardi à 11h, 15h et 16h15.
Pour tous, à partir de 8 ans
Durée : 1h
De 3,5 € à 7 € (prix du billet d’entrée à l’exposition non inclus)
Sur réservation, dans la limite des places disponibles

Profitez d’une visite guidée exceptionnelle de l’exposition Gothiques après la fermeture du musée, puis goûtez aux mets médiévaux concoctés par la compagnie La Muse, experte en cuisine médiévale. Les Vins Gourmands ont sélectionné pour vous des boissons qui s’accordent parfaitement à ces saveurs surprenantes. Une visite dînatoire aux accents fantastiques et mystérieux…
En partenariat avec Lens Tourisme
À 18h
Pour les plus de 18 ans
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération.
Durée : 3 h
Tarif : 35 €

Découvrez une sélection d’oeuvres de l’exposition Gothiques en Langue des signes française, puis réalisez une création inspirée de ce que vous avez observé.
Dimanche 7/12
À 14h45
Durée : 1h30
À partir de 7 ans (enfants accompagnés d’un adulte)
De 2,25 à 4,50 €
Réservation en ligne
Renseignements : accessibilite@louvrelens.fr

Dimanche 18/01
À 11h
Durée : 1h
De 3,50 à 7 € (+ prix du billet d’entrée à l’exposition)
Réservation en ligne
Renseignements : accessibilite@louvrelens.fr

Livret de visite pour toutes et tous
Il accompagne petits et grands dans la découverte de l’exposition et propose des histoires à écouter inédites.
Un coloriage central est à personnaliser à la médiathèque ou chez soi.
Disponible gratuitement dans la limite du stock disponible auprès de nos équipes d’accueil

Découvrez les œuvres de l’exposition à travers une sélection d’œuvres commentées par les commissaires de l’exposition. Un parcours ludique spécialement conçu pour les enfants invite les plus jeunes à l’exploration.
Pour tous
Accessible depuis un smartphone, muni d’un accès wifi ou 4G
Écouteurs ou oreillettes conseillés
Gratuit. Sur place, connectez-vous au WiFi AUDIOGUIDE-LOUVRELENS et saisissez l’adresse louvre- lens.visite.zone dans votre navigateur
Vous n’avez pas de smartphone ? Louez audioguide et casque pour 2 euros