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Végétique

Végétique est une installation conçue sous la forme d’un hologramme pyramidal. Au cœur de celui-ci, se trouve une animation vidéo 3D obtenue à partir de la cymatique, une technique de visualisation des formes sonores suivant des fréquences spécifiques. On y voit des formes s’assembler et se déformer. Cette animation montre des formes géométriques simples et universelles qui renvoient au règne végétal et qui font également référence au mouvement artistique du cubisme.

Étudiante à l’École Supérieure d’Art du Nord-Pas-de-Calais, Julie prépare actuellement le DNSEP dans la filière Art-Image, classe préparatoire à l’entrée au Fresnoy-Studio national des arts contemporains.

Écoutons-la présenter son travail.

« Dans la nature, les formes du vivant qui m’intéressent sont celles de structure rhizomique (algues, champignons, coraux, plantes…). Le développement (naissance, reproduction, multiplication, prolifération) du vivant possède une organisation singulière que je souhaite mettre en avant en exploitant le potentiel de certaines capacités biologiques, propres à chaque espèce. Ma démarche explore les nouvelles façons d’interagir avec le règne végétal :

– chercher de nouvelles représentations visuelles en les modélisant et en les imprimant en 3D,
– imaginer des processus narratifs mêlant fiction et réalité, en y intégrant programmation et algorithme,
– expérimenter des contextes de présentation qui proposent de nouveaux rapports entre le végétal et l’humain, à travers l’interaction.

À l’ère de l’anthropocène (celle où les hommes sont la principale force de changement sur terre) et des ciseaux génétiques, des formes organiques étranges apparaissent. Il s’agit, grâce à la collaboration avec des chercheurs en sciences, de questionner l’ambivalence du vivant et de l’artificiel et d’imaginer une possible symbiose entre la dualité nature et nouvelles technologies. Ma pratique explore ces ambiguïtés par le prisme d’un mimétisme hybride poétisé, dans un futur où les plantes ne cessent de se transformer et d’évoluer.

Afin de questionner les œuvres présentées au Louvre-Lens et plus largement les formes artistiques des siècles passés, comme le fit à sa manière Picasso, j’ai développé pour ce projet une pratique artistique en lien avec le cubisme. Pablo Picasso, avec le cubisme, donne une importance aux formes géométriques, en utilisant notamment des cubes, des rectangles et des cylindres. Il décompose et ré-assemble les formes en des compositions variées, dans le but de multiplier les différents points de vue. Il y a une centaine d’années, Pablo Picasso et Georges Braque avaient en quelque sorte prédit l’ère numérique avec le cubisme, en montrant comment le monde pouvait être observé sous plusieurs angles simultanément.

Pour réfléchir à la question des points de vue et des nouvelles modalités de perception du monde, j’ai choisi de faire usage de la cymatique, qui est une technique permettant la visualisation des vibrations acoustiques.

Le son relève de l’ouïe. Mais il peut aussi relever de la vue. La cymatique permet au son de prendre physiquement forme en fonction des fréquences émises par la source.

Cela permet également de visualiser une autre approche du monde et d’appréhender d’autres perceptions de formes. L’art a la capacité de communiquer certaines découvertes scientifiques. Il semble que ces deux disciplines, l’art et la science (ici les mathématiques et la physique) sont complémentaires.

Dans mes recherches je travaille avec le végétal. La cymatique permet de retrouver certaines formes géométriques primaires qui ont un rapport avec les formes primaires que l’on retrouve à plusieurs échelles (du microscopique au visible à l’œil nu) chez les plantes.

Avec le projet Végétique, je propose un détournement ou une réinterprétation du cubisme en utilisant les technologies actuelles, afin de venir questionner les maîtres du passé. L’animation relie les formes obtenues avec les fréquences sonores, qui rappellent les formes primaires végétales ou bien les formes que composent certains champignons. De cette manière, je cherche à tisser un lien avec la thématique de l’exposition Les Louvre de Pablo Picasso, tout en prolongeant ma réflexion sur l’art, la science et les mondes du vivant.

Ce système, original et interactif pour le public, rappelle aussi la modernité de l’architecture du Louvre Lens. »

site internet : https://artimage-esanpdc.fr/2021/03/18/julie-everaert/