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Robert Doisneau et les mineurs

Robert Doisneau et les mineurs
Quand un grand photographe documente la vie des mineurs dans le Bassin Minier, par Florence

Le musée du Louvre-Lens, situé sur un ancien carreau de mine, accueille du 19 février au 4 juillet une série de photographies noir et blanc, prises par Robert Doisneau en 1945 et 1963.

Pour les voir, il vous faudra descendre au sous-sol, à partir du hall du musée, dans l’espace appelé Coulisses. Vous pourrez, par la même occasion, apercevoir la réserve visitable du musée, derrière une grande baie vitrée.

Ces photographies proviennent de reportages effectués par le photographe dans le Bassin Minier, notamment à Lens. Elles ont été publiées dans la presse.

Introduit clandestinement dans les mines, Robert Doisneau a pu documenter les rudes conditions de travail mais aussi les moments de détente et de camaraderie, ainsi que la vie quotidienne et familiale.

Mineur à la lampe – Lens, 1945 © Robert Doisneau

Comme souvent chez Robert Doisneau, le travailleur pose fièrement. Dans une composition bousculée, se détachent les éléments importants que sont la lampe dans ses mains, le casque et le chevalement, au loin. Cette même scène apparaît sur d’autres photographies, car Robert Doisneau prenait le temps de faire poser ses modèles, avec qui il aimait échanger.

 

Les Lampes – Lens, 1945 © Robert Doisneau

Les reportages de Robert Doisneau documentent avec précision le monde du travail ; ici les lampes allumées et alignées au premier plan accompagneront chaque pas des mineurs au fond. Une femme en prend soin, sous l’œil vigilant d’un homme…

 

Terril 23 d’Auchel, 1945 © Robert Doisneau

Cadrés à l’aplomb d’un terril qui surplombe les rues de la cité, ces hommes souriants s’éloignent de leur travail – la mine – qui régit toute leur vie, loisirs compris. Le point de vue adopté par le photographe confère une présence impressionnante à cette petite montagne de stériles (déchets miniers).

 

Né en 1912 à Gentilly, au sein d’une famille bourgeoise, Robert Doisneau obtient un diplôme de graveur-lithographe à l’École Estienne, où il développe son goût pour le beau noir et blanc et le rendu des matières.

 À l’issue de cette formation, il assiste le photographe André Vigneau, qui dirige un studio. À vingt ans, Robert Doisneau vend son premier reportage (le marché aux puces).

Engagé comme photographe industriel aux usines Renault, à Boulogne-Billancourt, il devient ensuite photographe illustrateur indépendant et commence à publier ses images dans différentes revues.

En 1946, Robert Doisneau entre à l’agence Rapho, la plus ancienne agence de photojournalisme en France. Rapho emploie des photographes unis par des liens amicaux, qui partagent un intérêt pour le documentaire, mais aussi pour l’aspect humain du reportage.

Cette photographie, dite humaniste, témoigne des difficultés de la vie comme de ses espoirs ; apparue dans les années 1930, elle refait surface après-guerre. L’influence du cinéma réaliste de l’époque est sensible sur ces clichés.

Robert Doisneau est une figure emblématique du courant humaniste.

Lié avec de nombreux photographes, comme Henri Cartier-Bresson, il fréquente également des écrivains, ainsi Jacques Prévert ou Blaise Cendrars. Avec ce dernier, il publie La Banlieue de Paris en 1949.

Dans la veine humaniste, Robert Doisneau pose un regard bienveillant, parfois amusé et complice, sur le quotidien des gens. Il documente avec précision le monde du travail et sa dureté, mais aussi les loisirs. L’enfance fait partie de ses thèmes privilégiés.

Paris et sa banlieue sont ses terrains d’élection, mais il se déplace en tous points du territoire et aime à revenir plusieurs années après sur un lieu de reportage, comme ici dans le Bassin Minier.

Photographe de renommée mondiale, il meurt à Montrouge en 1994.