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Parc en fête 2021 : focus sur Partition sismique, d’Anne Poivilliers

Clara et Laura vous proposent de (re)découvrir cette installation artistique, visible dans le parc du musée.

Depuis l’an passé, à l’occasion de son événement estival Parc en Fête, le Louvre-Lens fait appel à des artistes contemporains afin d’investir son parc, parfois de manière surprenante.

Cette année, le musée a reçu 148 dossiers en réponse à son appel à projet pour Parc en fête 2021, dont celui d’Anne Poivilliers, artiste plasticienne, qui vit et travaille dans le parc des volcans d’Auvergne. La plupart du temps, ses installations investissent des monuments patrimoniaux mais aussi, de plus en plus, des lieux naturels.

Afin d’en savoir un peu plus sur l’installation intitulée Partition sismique, Clara vous propose une interview de l’artiste.

Partition sismique, Anne Poivilliers, Parc en fête 2021, musée du Louvre-Lens, crédit de la photographie : Laura Quaranta

Anne Poivilliers, qu’est-ce qui vous a plu dans cet appel à projet ?

« Ce qui m’a intéressé dans cet appel à projet est qu’il était au Louvre-Lens, pour la notoriété du lieu, son intérêt artistique, architectural et historique. La philosophie des architectes de respecter la reconquête de la nature de son espace vital, traumatisé par des années d’exploitation humaine est en lien avec mon installation Partition sismique.

Les vestiges de l’activité minière ont été conservés, comme des cicatrices. Une de mes installations précédentes, For Far fatum, concernait l’accumulation des cicatrices, l’irréversibilité des traces. »

Pourquoi avoir choisi le bois pionnier du parc pour présenter Partition sismique ?

« Le bois pionnier est le lieu le plus approprié du parc pour cette installation puisque la reconquête du site par la nature a commencé par ses bouleaux. Par ailleurs, leur hauteur et leur implantation m’ont permis d’installer mes filaments de façon compacte et circonscrite. »

Dans cette installation vous utilisez le lin comme matière. Pourquoi ce choix par rapport au papier calque qui vous est plus familier ?

« J’ai utilisé le lin plutôt que le calque, qui m’est plus familier, pour des raisons techniques. L’exposition dans des conditions extérieures, soumise aux intempéries aurait été très incertaine.

Par ailleurs le blanc très pur du lin apporte un effet légèrement fantomatique, propice à l’effet recherché. Alors que le calque est légèrement gris. »

La notion de rhizome est importante dans votre travail. Pouvez-vous l’expliciter et nous dire ce qui vous plaît autant sur ce sujet ?

« Après avoir exploré le processus de l’oubli, j’ai voulu pour le parc du Louvre-Lens, où ces traces sont très visibles, explorer le phénomène de résilience et de reconstruction. Celui-ci pourrait provenir de la vibration du rhizome*.

Le rhizome est une connexion globale, qui pourrait permettre au vivant d’espérer survivre en apaisant le règne prédateur de l’homme qui la menace.

Les fibres blanches en lin figurent l’énergie des éléments qui se réapproprient leur espace vital. Elles témoignent de leur interdépendance et de la capacité des espèces à s’épanouir, enfin libérées de toute intervention humaine. »

* Le rhizome est un réseau.

Il définit la structuration de nombreuses plantes où il peut servir de racine, de tige ou de branche, peu importe sa position sur la plante. 

C’est une structure qui évolue en permanence, dans toutes les directions, elle est dénuée de niveaux. Elle vise notamment à s’opposer à la hiérarchie en pyramide. Dans un modèle rhizomique, tout élément signifiant ou insignifiant peut influencer toute la structure puisque tout est solidaire, et ce de manière réciproque.

Côté parc, que perçoivent les visiteurs ?

Pour le savoir, nous sommes allées à la rencontre d’une famille en pleine découverte des installations artistiques dans le parc et en avons profité pour recueillir leurs impressions et ressentis face la création d’Anne Poivilliers.

Découverte de l’installation Partition sismique d’Anne Poivilliers avec une famille. Parc en fête 2021, musée du Louvre-Lens, crédit de la photographie : Laura Quaranta

 

Au premier regard, placé à quelques mètres de cette installation, le père de famille pense voir des pattes d’insectes, des lianes ou même encore des « épluchures » faites d’écorces de boulot, comme « quelque chose de sauvage au milieu de quelque chose d’entretenu » nous dit-il.

De leur côté, ses deux enfants, âgés de 8 et 9 ans, y voient plutôt des formes animales comme un dauphin et même des cornes. Leur maman, quant à elle, y perçoit davantage une légèreté, comprenant déjà que l’œuvre est constituée en partie de tissu.

Découverte de l’installation Partition sismique d’Anne Poivilliers avec une famille. Parc en fête 2021, musée du Louvre-Lens, crédit de la photographie : Laura Quaranta

 

Puis, en s’approchant d’un peu plus près, les enfants s’aventurent spontanément, sans hésiter, dans les herbes hautes afin d’observer l’installation par-dessous et ainsi mieux la comprendre. L’impression d’air qui circule, de nuages vus du sol, de constellations, de traces d’avions surgissent de leurs imaginaires.

L’observation de ces éléments blancs qui vibrent au rythme du vent semble agir comme un effet hypnotique du côté de la maman.

Au fil de notre échange avec cette famille, le ressenti s’est affiné grâce au toucher et à la proximité directe avec l’installation. Rapidement, l’un des enfants s’est vu entouré de plumes.

Découverte de l’installation tactile Partition sismique d’Anne Poivilliers avec une famille. Parc en fête 2021, musée du Louvre-Lens, crédit de la photographie : Laura Quaranta

 

D’ailleurs, en s’approchant de plus près encore, ils ont pu découvrir que cette œuvre est vivante : à la fois en mouvement, grâce au vent, mais aussi habité par les insectes du parc qui se sont introduits dans les bandes de lin.

Après ce temps d’échange particulièrement agréable et enrichissant, la famille découvre finalement le titre donné par l’artiste à cette œuvre pour le moins surprenante et nous confie que le terme « sismique », qui évoque ce qui se passe sous le sol, est bien trouvé ! « Je n’y avais pas pensé » nous déclare le père de famille.

Et vous, que ressentez-vous face à cette installation ?

 

 

Nous remercions Anne Poivilliers ainsi que la famille de visiteurs pour ce partage d’expérience !

Vous avez jusqu’au 30 septembre pour découvrir les installations artistiques lors d’une balade dans le parc du musée. Pour en savoir plus sur les œuvres, les artistes ou encore la programmation de Parc en fête 2021, cliquez ici !