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La restauration d’œuvres d’art

Quelques facettes étonnantes à découvrir avec Éléonore…

En quoi consiste la conservation-restauration d’œuvres d’art ?

La conservation-restauration permet d’assurer la bonne conservation des œuvres et, quand nécessaire, elle leur rend toute leur lisibilité sans trahir l’acte de création des artistes ou artisans qui les ont conçues. Les traces du temps, de l’usage et des techniques de fabrication sont harmonieusement intégrées afin d’informer sur l’histoire de l’objet. La conservation-restauration doit prendre en compte ces deux aspects de l’œuvre : l’esthétique et l’historique, afin de choisir les interventions les plus adaptées à chaque œuvre. De plus, les interventions doivent être sans aucun risque pour les œuvres. Pour cela, les conservateurs-restaurateurs ont une solide formation en physique-chimie et une bonne connaissance de tous les produits qu’ils utilisent.

 

Des outils étonnants ou l’art d’emprunter à d’autres métiers

Avant même d’intervenir sur une œuvre d’art, le conservateur-restaurateur réalise un diagnostic. C’est la première étape durant laquelle l’œuvre est inspectée sous toutes les coutures. L’outil indispensable est la loupe binoculaire X 10, l’objet est vu 10 fois plus gros. Grâce à cette observation très poussée, tous les défauts sont répertoriés. La loupe binoculaire X 10 est aussi portée pour réaliser les interventions de restauration qui demandent de la précision.

Pour scruter les moindres anfractuosités des objets, le miroir d’exploitation dentaire est très pratique et montre les endroits non visibles à l’œil nu comme les rebords intérieurs des vases ou d’autres types d’objets.

Le scalpel de chirurgien, la pâte de prise d’empreinte dentaire et d’autres outils issus du monde médical sont aussi fréquemment employés.

Prenons un exemple : certaines céramiques ne sont pas forcément complètes et lorsque des éléments sont manquants, ils sont parfois reconstitués avec des matériaux autres que la céramique. C’est ce que l’on appelle le comblement de lacune*. Il est important pour le bon maintien des morceaux originels entre eux et pour restituer la forme générale de l’objet. L’objet retrouve ainsi une meilleure lisibilité et, d’un seul regard, le spectateur en comprend la forme générale. Ensuite la réintégration de lacune ou retouche* est réalisée sur le comblement de lacune.

Elle peut être discrète et s’intégrer harmonieusement au décor environnant tout en étant visible à l’œil nu. La technique de réintégration choisie se fait soit par tratteggio*, petites hachures », soit par petits points*. De près, notre œil aperçoit les petits points ou le tratteggio mais dès que nous nous éloignons ils se fondent et ne sont plus perceptibles.

Dans certains cas, la restauration peut être invisible, c’est-à-dire qu’elle imite parfaitement l’aspect de la surface de l’objet. Imiter l’aspect de surface des céramiques lisses et brillantes est compliqué et l’aérographe le permet car il projette la peinture en très fines gouttelettes. Les vernis de carrossier sont donc pulvérisés en couches très minces à l’aérographe et leur aspect est proche de la surface originelle de l’œuvre.

 

© Photo : Éléonore. Réintégration de lacune ou retouche visible, technique du spittage*

Comblement de lacune par reconstitution au plâtre teinté dans la masse de la partie manquante de l’objet

Réintégration de lacune ou retouche invisible

Collage de tessons

Pose de la réintégration de lacune ou retouche visible à l’aérographe

 

L’utilisation de produits toxiques

En conservation-restauration, de nombreux solvants organiques sont utilisés pour les opérations de nettoyage, de collage, d’application de vernis… Acétone, eau oxygénée et bien d’autres encore. La priorité de ces produits est de ne pas interagir avec les matériaux de l’œuvre, ni de les dégrader, tout en étant efficace. De plus en plus, sont recherchés des solvants plus respectueux de l’environnement. Ils sont utilisés uniquement lorsqu’ils ne font pas de dégât sur les œuvres. La préservation et la transmission de l’œuvre aux générations futures restent la priorité. Même s’ils sont utilisés en petite quantité, les solvants sont utilisés pendant une longue durée et ne sont pas sans dangers. Pour la protection de la santé, un masque avec des filtres, des gants, et un atelier muni d’un extracteur de vapeurs toxiques sont de bons alliés.

Et le temps ? ….

Ce métier de précision demande une grande minutie et beaucoup de patience. Face à une œuvre restaurée de nombreuses personnes s’interrogent sur le nombre d’heures nécessaires à la restauration. À cette question, il est généralement impossible de répondre. Cela dépend du type d’intervention : nettoyer une surface poreuse, enlever une ancienne restauration, recoller un vase cassé en de très nombreux tessons ou réaliser une retouche complexe sur une peinture peut être très long.

 

Lexique (dans l’ordre de lecture) *

Comblements de lacune ou bouchage : application d’un enduit dans une lacune pour qu’elle soit au même niveau que la surface de l’œuvre.

Retouche ou réintégration de lacune : réintégration du décor de la surface, soit de manière visible mais discrète, soit de manière invisible afin de rendre harmonieusement la lisibilité de l’œuvre et éviter des ruptures lors de son observation par le spectateur. Cette intervention se fait sur le bouchage. Il existe plusieurs techniques de retouche comme la technique du tratteggio, des petits points ou pointillisme, du spittage, …

Tratteggio : réintégration de lacune de manière visible mais discrète. Elle est constituée de petits traits juxtaposés qui, vus à une certaine distance, fusionnent grâce au principe de mélange additif des couleurs pour donner l’illusion d’une réintégration totale de l’image. Lorsque l’observateur se rapproche de la retouche, il perçoit les différents traits et différentie facilement les parties restaurées des parties originelles. Il existe plusieurs façons de réaliser le tratteggio : soit les petits traits sont tous verticaux, soit ils épousent les courbes des formes de la composition, soit ils se croisent. Les traits peuvent tous être de couleurs pures ou de couleurs créées car issues de mélanges.

Réintégration de lacune par petits points ou pointillisme : Même principe que pour la technique du tratteggio mais les petits traits sont remplacés par des petits points. Cette technique est adaptée à des œuvres de styles variés alors que le tratteggio est restreint à un panel d’œuvres plus restreint.

Mouchetage ou spittage : retouche par petits points par projection manuelle de gouttelettes de peinture ou de matière colorée sur la surface du bouchage à l’aide d’une petite brosse dure.