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Femmes artistes et Louvre-Lens

Focus à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes 2021

De son parc à son architecture en passant par les oeuvres qu'il renferme, le Louvre-Lens doit beaucoup aux femmes artistes. Faites connaissance avec elles grâce à ce petit article de Marie !

 

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, il nous semblait important de faire la lumière sur certaines d’entre elles qui ont conçu le musée ou qui y sont exposées :  paysagiste, architecte, designeuse d’espace et peintre.

 

Catherine Mosbach, architecte et paysagiste

Catherine Mosbach étudie à l’École nationale supérieure du paysage de Versailles jusqu’en 1986. Elle accède rapidement à des commandes d’espaces publics et gagne, avec l’agence SANAA, le concours de la ville de Lens pour le projet du Louvre-Lens. La finalité de ce dernier englobe trois échelles : un parc, un bâtiment et un territoire. L’enjeu de ce projet est le renouvellement urbain dans lequel l’histoire de la mine est inscrite.

Les terrils en réseaux qui entourent le musée vont donner l’idée à Catherine Mosbach de créer un réseau entre les différents équipements urbains autour du musée dont les corons, anciennes habitations des mineurs. Cela traduit la volonté d’établir des possibilités de transit, de passage : les cavaliers, reprenant les tracés des rails permettant le transport du charbon vers la gare et du schiste vers le terril, deviennent des cheminements dans le parc et vers le musée. Cette idée est également reprise par les différentes entrées qui existent pour accéder au parc. L’entrée principale reprend l’ancienne entrée de la fosse minière. Grâce à cela, le visiteur ne rentre pas « brutalement » dans le musée, le parc permet une entrée verdoyante et en douceur.

 

Cheminement entre le musée et son pavillon de verre avec vue sur le stade Bollaert
Photo © Marion Lutun

 

La fragilité du sol était un élément auquel il fallait être attentif : prendre en compte cet élément a été nécessaire pour l’aménagement du parc. En effet, les sols des terrains miniers sont fragilisés par les galeries creusées pour l’extraction du charbon. L’eau doit donc être maintenue sur le site. Pour cela Catherine Mosbach a créé des cavités qui ponctuent le béton des parvis et cheminements, permettant de retenir l’eau et de favoriser le développement des végétaux sur le parvis. Les debout-assis, des espèces de banquettes végétales, permettent également de capturer l’eau et de proposer un endroit convivial dans le parc. La volonté commune des architectes de SANAA et de Catherine Mosbach était que les bâtiments composant le musée soient disposés sur un océan de verdure.

 

Les cavités ménagées dans le béton permettent de retenir l’eau et d’inciter la végétation à se développer.
Photo © Sabrina Hadid

 

Kazuyo Sejima, architecte – cabinet SANAA

Kazuyo Sejima, est architecte. Elle est née en 1956 à Mito, au Japon, dans une famille dont le père est ingénieur et dont la mère, au foyer pendant un temps, reprendra des études après leur mariage, ce qui à l’époque est assez rare. En 1981, Kazuyo Sejima est diplômée de la Japan Women’s University. Elle se découvre très tôt une passion pour l’architecture et va d’abord débuter chez l’architecte Toyo Ito. En 1987, elle fonde son agence, profitant d’une loi promulguée l’année d’avant sur la parité dans l’emploi. En 1995, elle ouvre avec un ancien employé, Ryue Nishizawa, l’agence SANAA (acronyme de Sejima and Nishizawa and Associates) tout en gardant sa propre agence.

Sejima a été commissaire de la Biennale d’architecture de Venise en 2010, pour laquelle elle a choisi le thème « People Meet in Architecture ». Dans ses différents projets, très vite, elle impose une architecture minimale et légère, aux détails soignés, questionnant la communication et la circulation des utilisateurs. Ces intentions sont visibles dans le bâtiment du Louvre-Lens, par sa transparence permettant une continuité entre le parc et le musée. Le verre et l’aluminium anodisé (traité chimiquement pour une meilleure résistance) sont très présents dans l’architecture et permettent de brouiller les frontières entre l’intérieur et l’extérieur et de jouer avec les reflets de l’environnement.

 

L’aluminium anodisé joue avec les reflets de la végétation du parc
Photo © David Nelson

 

Vus d’en haut, les 5 bâtiments linéaires et horizontaux communiquent entre eux, et s’étendent dans le parc ; c’est le fruit d’une modification réalisée 15 jours avant le concours. En 2013, l’agence SANAA et la région Nord-Pas-de-Calais ont reçu le prix de l’Équerre d’Argent pour le Louvre-Lens.

 

Vue panoramique du musée avec les bâtiments qui s’étendent dans le parc
Photo © Philippe Chancel

 

Collectif Graphites, designeuses d’espace

Composée de Karen Fioravanti – Darand, Camille Hamard (architectes), Chloé Wizla (artiste plasticienne) et Gaëlle Fournier (designeuse d’espace), le collectif Graphites propose des outils permettant de se questionner sur l’espace et son utilisation. Cette notion d’espace est très large : elle peut se rapporter à la ville ou encore à un habitat. L’expérience est au cœur de leurs réflexions : c’est par le fait de « vivre » un espace que naît la démarche artistique. Ce travail est fait collectivement, avec les sensibilités de chacune. Les workshops réalisés ensemble permettent de jouer, d’expérimenter et de comprendre les usages d’un lieu.

 

Le mobilier modulable conçu par le collectif Graphites
Photo © Rémi DEBREU / Instagram : remiavec1i

 

Pour le Centre de ressources-médiathèque du musée, le collectif a créé un nouveau mobilier. En effet, celui-ci est modulable pour les différentes activités du Centre de ressources : sièges pour la lecture à voix haute, tables pour des ateliers, ou encore bacs de rangements pour les livres accessibles aux plus petits. Les tables ayant deux tailles différentes, s’adaptent au public. Un brainstorming a été organisé en amont avec les équipes du musée afin de mutualiser les envies et les idées puis un cahier des charges a été mis au point. Ce mobilier est souligné par des tapis et coussins de couleurs vives, fabriqués par l’entreprise lilloise et écoresponsable Morice, afin de rendre l’endroit agréable et chaleureux.

 

Le mobilier se transforme en siège pour un instant de lecture
Photo © Rémi DEBREU / Instagram : remiavec1i

 

Élisabeth Vigée Le Brun, peintre

 

Élisabeth Vigée Le Brun (1756-1842) est une peintre française, qui dessine dès son plus jeune âge et apprend la peinture au pastel aux côtés de son père, Louis Vigée. Lorsque ce dernier meurt, Élisabeth Vigée Le Brun poursuit son apprentissage dans différents ateliers. En 1778, elle devient la peintre officielle de la reine Marie-Antoinette, sa protectrice et confidente. Grâce à la reine, elle entre en 1783 à l’Académie royale de peinture et de sculpture, contre l’avis du directeur, Jean-Baptiste-Marie Pierre. À cette époque, peu de femmes peuvent accéder à l’Académie : refusées dans les écoles d’art, dans les cours anatomiques et de dessin d’après modèle, elles ne possèdent pas les compétences pour faire de la peinture d’histoire, genre le plus prestigieux. La hiérarchie des genres place en effet à son sommet la peinture d’histoire. Ensuite viennent, par ordre d’importance, le portrait, la scène de genre, le paysage et la nature morte. Beaucoup de femmes peignent donc des natures mortes ou des portraits. Les femmes ne peuvent pas non plus se voir décerner le prestigieux prix de Rome qui assure renommée et commandes. La plupart apprennent, comme Élisabeth, auprès de leur père et leur entourage se charge de vendre leurs toiles. Très souvent, les femmes arrêtent de peindre au moment de leur mariage, sauf si leur époux est artiste ou marchand d’art, comme l’est le mari d’Élisabeth Vigée, Charles Le Brun qu’elle épouse en 1776. L’admission à l’Académie royale est un passage obligé pour tout artiste ayant de l’ambition car elle donne accès à l’exposition du Salon (nommé ainsi car il se déroulait au Salon carré du Louvre, alors appelé « Grand Salon du Louvre ») et aux commandes royales et officielles.

Élisabeth Vigée Le Brun est très connue pour ses autoportraits, ce qui lui permet de s’affirmer comme femme peintre et de montrer son indépendance (elle garde son nom de jeune fille) et sa réussite.

 

Élisabeth Vigée Le Brun
Paris (France), 1755 – Paris (France), 1842
Portrait du peintre Joseph Vernet (1714-1789)
1778
Huile sur toile, Paris, musée du Louvre

 

Ses portraits lui valent une belle renommée. Dotés de fonds neutres, ils sont flatteurs et idéalisés : les aspérités sont gommées, les défauts minimisés. Elle réalise des portraits d’une composition classique, établie depuis la Renaissance : modèles de face ou légèrement de trois-quarts. Souvent, le buste tourne dans l’espace et le visage se présente face au spectateur, ce qui donne une prestance à la personne représentée. Parfois, elle utilise le profil de son modèle, le visage tourné de trois-quarts, afin de dynamiser ses compositions, comme dans le portrait de Joseph Vernet qui est exposé dans la Galerie du temps. Lorsqu’elle le représente, Joseph Vernet a 64 ans. Elle a sans doute estompé les marques du temps sur le visage de son modèle. Elle applique ce pour quoi elle est adorée : saisir la ressemblance tout en présentant les portraits à leur avantage. Elle le représente dans son atelier, palette et pinceaux à la main. Il est élégamment vêtu d’une veste et d’une culotte, qui sont probablement en velours. Ce portrait est empreint de bienveillance. Vernet y est représenté comme un homme bel et bon, inspirant un respect affectueux.

 

Pour aller plus loin : venez au musée découvrir la mosaïque de l’artiste Yayoi Kusama qui orne l’entrée de La Scène, notre salle de spectacle, ainsi que la sculpture de Françoise Pétrovitch, Tenir, qui se cache dans le parc !

 

Et voici quelques pistes supplémentaires :

 

Sur le travail de Catherine Mosbach

Conférence pour les archives départementales d’Ille – et – Vilaine : entre [13’36 – 33’9], intervention sur le Louvre-Lens

Interview

Sur le travail de Kazuyo Sejima

Portfolio de ses réalisations

Site du collectif Graphites
https://www.collectifgraphites.com/le-collectif-1

Sur la vie d’Élisabeth Vigée Le Brun

Dossier pédagogique de l’exposition du Grand Palais (2015-2016)