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Le Scribe accroupi

Chef-d'œuvre iconique du musée du Louvre, au Louvre-Lens

Anniversaire rime souvent avec cadeau. Celui que nous consent le Louvre aujourd’hui est tout simplement exceptionnel !
Le musée du Louvre prête au Louvre-Lens le célèbre Scribe accroupi, emblème du département des Antiquités égyptiennes, pour fêter les 10 ans du Louvre-Lens et les 200 ans du déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion. Le Scribe, chef-d’œuvre aussi ancien que les Pyramides fut découvert par l’archéologue boulonnais Auguste Mariette.

© FREDERIC IOVINO_LOUVRE-LENS_0064

C’est une grande fierté pour le Louvre-Lens et ses visiteurs d’accueillir aujourd’hui le Scribe accroupi. Cette fascinante sculpture aux yeux de cristal quitte le Louvre pour la première fois. Installé dans la Galerie du temps puis dans le Pavillon de verre au mois d’avril, le Scribe rejoindra ensuite l’exposition Champollion. La voie des hiéroglyphes. Un chef-d’œuvre iconique dans nos murs toute une année, pour prolonger avec nous, avec vous, ce rêve éveillé.

Ce prêt intervient alors que le Louvre-Lens se met aux couleurs de l’Égypte avec l’exposition Champollion. La voie des hiéroglyphes (28 septembre 2022 – 16 janvier 2023), célébrant de la plus belle des manières le bicentenaire d’une découverte majeure, véritable révolution en matière de connaissance. Il souligne également le rôle fondamental des Français dans la mise en place d’une discipline des sciences humaines, l’égyptologie, et dans la diffusion du savoir.

« Nous sommes, avec Marie Lavandier, à la fois fières et heureuses de partager un chef-d’œuvre du Louvre avec les visiteurs du Louvre-Lens pour célébrer les dix ans du musée. Le Scribe n’a pas quitté le Louvre depuis 1999, c’est une des œuvres iconiques du musée du Louvre. Avec tout le mystère et la fascination qui l’entourent, le Scribe continue d’envouter petits et grands. Il est notre meilleur ambassadeur pour faire vivre le message d’universalisme que le Louvre et le Louvre-Lens portent ensemble. »

Laurence des Cars, Présidente-Directrice du musée du Louvre

« Depuis 10 ans se concrétise au Louvre-Lens un rêve magnifique, au cœur du bassin minier. Un rêve d’avenir porté par les habitants. Il s’incarne dans la rencontre entre les visiteurs du Louvre-Lens et les plus grands chefs-d’œuvre du Louvre. C’est cette rencontre qui fait la beauté de ce pari politique et muséal, rendu possible grâce à l’engagement des collectivités locales et de l’Etat. C’est une fierté pour le musée du Louvre-Lens et ses visiteurs d’accueillir aujourd’hui cette fascinante sculpture aux yeux de cristal. Et je remercie Laurence des Cars de prolonger avec nous ce rêve éveillé. »

Marie Lavandier, directrice du musée du Louvre-Lens

Une œuvre captivante

Le Scribe représente un lettré ayant vécu il y a plus de 4 500 ans, prêt à écrire sur un papyrus posé sur ses genoux qu’il déroule de la main gauche. Il devait tenir dans sa main droite un calame, ce pinceau fait d’une tige végétale aujourd’hui disparu. La pierre calcaire a été peinte de couleurs vives pour rendre la sculpture vivante – noir pour les cheveux et le sol, brun pour la peau qui contraste avec le blanc du pagne dont il est vêtu. Mais c’est avant tout son regard particulier qui le rend si célèbre : le scribe se tient de face et semble fixer le spectateur avec intensité, l’iris de l’œil, formé d’un cône de cristal de roche poli, reflète la lumière donnant au regard l’impression d’un éclair de vie.
Les paupières dessinées d’un trait de khôl sombre, soulignent les yeux qui miment à merveille la réalité, rendant la statue particulièrement captivante.

Le Scribe accroupi IVe dynastie. Calcaire, albâtre, cristal de roche h. 53,7 cm; L. 44 cm; p. 35 cm © 2015 musée du Louvre / Christian Décamps

Histoire d’un chef-d’œuvre

Les scribes étaient des hauts fonctionnaires au service de pharaon. Ils assuraient la gestion des biens et des domaines. La statue est connue sous le nom de « Scribe accroupi » alors que le personnage est assis en tailleur. Ce mystère n’est pas le seul : les rapports des fouilles ayant été égarés, nous ne connaissons pas l’identité de ce personnage ni les circonstances exactes de sa découverte. Nous savons seulement que la statue fut trouvée sur le site de Saqqara en 1850 par Auguste Mariette. Notre scribe, anonyme, a certainement occupé un poste important, dans un temple ou auprès d’un haut dignitaire. Il a eu le privilège de se faire enterrer aux pieds de l’imposante pyramide à degrés de Saqqara, la tombe du roi Djoser.

À cette époque, la discipline que l’on appelle aujourd’hui archéologie se met en place au gré des
découvertes. En 1822, Jean-François Champollion perce le secret des hiéroglyphes donnant ainsi accès, pour la première fois depuis l’Antiquité, aux textes pharaoniques. On redécouvre l’Égypte ancienne, citée par les Classiques et par la Bible mais dont on ne savait que bien peu de choses. Les diplomates européens en poste en Égypte rassemblent des objets pour les vendre aux cours royales
et aux musées européens, fascinés par ces trouvailles alors que les autorités locales ne s’y intéressent pas encore. Ces ensembles que les musées achètent peuvent compter des milliers d’œuvres, parfois de très grande qualité. Suite à l’acquisition d’un premier ensemble pour le Louvre, le roi Charles X nomme Champollion directeur du nouveau Musée égyptien en 1826 avec pour mission d’enrichir la collection. En 1830, l’Égypte offre à la France l’obélisque de Louxor qui s’élève aujourd’hui au centre de la place de la Concorde à Paris, en cadeau diplomatique destiné à favoriser le développement économique du pays.

Le Scribe accroupi IVe dynastie. Calcaire, albâtre, cristal de roche h. 53,7 cm; L. 44 cm; p. 35 cm © 2015 musée du Louvre / Christian Décamps
Le Scribe accroupi IVe dynastie. Calcaire, albâtre, cristal de roche h. 53,7 cm; L. 44 cm; p. 35 cm © 2015 musée du Louvre / Christian Décamps
Le Scribe accroupi IVe dynastie. Calcaire, albâtre, cristal de roche h. 53,7 cm; L. 44 cm; p. 35 cm © 2015 musée du Louvre / Christian Décamps
Le Scribe accroupi IVe dynastie. Calcaire, albâtre, cristal de roche h. 53,7 cm; L. 44 cm; p. 35 cm © 2015 musée du Louvre / Christian Décamps

Auguste Mariette

Quelques décennies plus tard, une autre grande personnalité entre en scène : Auguste Mariette,
originaire de Boulogne-sur-Mer dans la région des Hauts-de-France. Il est un savant exceptionnel et un promoteur déterminé du patrimoine archéologique de l’Égypte. Envoyé au Caire en mission par le Louvre en 1850 pour acquérir des manuscrits coptes, curieux et volontaire, il se rend également à Saqqara et y dégage le Sérapéum, l’ancienne nécropole du taureau sacré Apis, ainsi que de nombreuses sépultures de particuliers. C’est probablement dans l’une d’elles qu’il trouve le fameux Scribe. La statue est offerte par l’Égypte au Louvre en 1854 au titre du partage de fouille, alors en vigueur, qui permet au découvreur de bénéficier de la moitié des trouvailles faites. Auguste Mariette se mobilise également pour organiser les recherches scientifiques en Égypte et devient le principal artisan de la création du Service des Antiquités en Égypte, officiellement fondé en 1858. Le souverain égyptien Saïd Pacha nomme Mariette premier directeur de ce service et Mariette en reste le directeur jusqu’à sa mort en 1881. Par son travail, par la création du premier musée d’antiquités égyptiennes du Caire à Boulaq, Mariette a tant marqué l’archéologie en Égypte qu’il est enterré au musée égyptien du Caire, place Tahrir, et qu’une statue le représentant est érigée à l’entrée du musée.