Les Invasives de Sophie Larger et Stéphanie Buttier
Créer des œuvres qui racontent la formidable épopée des herbes folles… il fallait oser ! C’est pourtant bien l’histoire que nous racontent Sophie Larger et Stéphanie Buttier à travers les Broderies vagabondes, une collaboration étonnante.
Les invasives : un thème audacieux
La démarche artistique des Invasives débute en en 2015 à la Filature de Mulhouse, une ancienne friche qui fait directement écho à notre site : le musée du Louvre-Lens, construit sur 20 hectares de friche minière.
Ces lieux particuliers, abandonnés par l’activité humaine ont été colonisés par une végétalisation adaptée à des conditions singulières. La nature déteste le vide, elle le comblera à sa manière en grande architecte.
Les deux artistes ont choisi de laisser filer leur Broderie vagabonde à l’entrée du musée, dans le bosquet d’arbres couvrant l’ancien puits de mine. Une apparition spontanée qui couvre un lieu chargé d’histoire. Le lien se tisse entre leurs œuvres dans une cohérence implacable.
L’art comme la plante s’adapte à son environnement
Lors du repérage des lieux, une citation de Doug Larson nous est revenue à l’esprit : « Une mauvaise herbe est une plante qui a maîtrisé toutes les compétences de survie sauf celle d’apprendre à grandir dans le rang, Soyez une mauvaise herbe ».
Elle fait écho à la gestion que nous, les jardiniers, avons du parc et de la place de la flore spontanée. Nous avons à cœur de protéger la palette végétale propre au sol de terril : sec, hostile et inhospitalier. Le vivant a une formidable capacité d’adaptation, il est source d’enseignements et témoigne du patrimoine écologique du lieu qui est aussi important que le patrimoine culturel du musée-parc.
Percevoir cette force de la nature et la transmettre dans une œuvre d’art est un joli tour de force, ce thème si spécifique au lieu est habilement mis en valeur.
Un trait d’union entre le patrimoine intérieur et le patrimoine extérieur
Le hasard fait bien les choses, et lorsque que Stéphanie Buttier a visité l’exposition Paysage. Fenêtre sur la nature, elle a été saisie par une peinture de Nicolas Poussin … En effet, elle a déjà croisé son chemin lors d’une performance précédente il y a une vingtaine d’année… L’émotion nourrissant la création, la palette de couleur choisie pour les liens de la Broderie vagabonde correspond à celle utilisée dans le tableau Moïse sorti des eaux. La boucle est bouclée…
Pour conclure cet article, nous vous partageons une citation de Gilles Clément reprise par Sophie Larcher sur son site internet au sujet des Invasives. Elle illustre parfaitement sa démarche avec Stéphanie Buttier, et par extension notre travail dans le parc :
« Les plantes voyagent. Les herbes surtout. Elles se déplacent en silence à la façon des vents. On ne peut rien contre le vent.
En moissonnant les nuages, on serait surpris de récolter d’impondérables semences mêlées de lœss, poussières fertiles. Dans le ciel déjà se dessinent d’imprévisibles paysages.
Le hasard organise les détails, utilise tous les vecteurs possibles pour la distribution des espèces. Tout convient au transport, des courants marins aux semelles des chaussures. L’essentiel du voyage revient aux animaux. La nature affrète les oiseaux consommateurs de baies, les fourmis jardinières, les moutons calmes, subversifs, dont la toi- son contient des champs et des champs de graines. Et puis l’homme. Animal agité en mouvements incessants, libre échangeur de la diversité.»
Gilles Clément, L’éloge des vagabondes
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C’est une rencontre avec un fossile qui a marqué au fer l’esprit de Solène Ortoli. Elle nous a confié l’émotion ressentie lors de l’observation d’un fossile de fougère au Centre Historique Minier de Lewarde. Directement liées au passé du site du musée-parc du Louvre-Lens, la géologie et les notions de temps et d’espace ont inspiré la jeune artiste.
Une archéologie du paysage
Les jardiniers du musée s’adaptent à une nature qui se développe sur un sous-sol particulier : un terril plat. Les déchets de schiste et de charbon donnent une insularité étonnante, planter à coup de pioche nous est familier et trouver des fossiles l’est tout autant.
Quand nous creusons le sol, nous devenons voyageurs du temps. Couche après couche, strate après strate, le présent cède la place à un passé ancien. Le bond temporel est d’autant plus palpable sur une friche minière qui témoigne qu’en ce lieu, s’étendait il y a 300 millions d’années une forêt houillère dans laquelle les fougères côtoyaient des insectes géants.
Solène Ortoli a mis en lumière cette spécificité dans son œuvre « Sous le sol les ères ».
Une cage à explorer le temps
Dans une structure de bois, nichée au cœur d’un bosquet, le sous-sol est exposé.
Lors de nos échanges, nous avons confié à Solène Ortoli que le terril affleure sur certaines zones du parc, et que les fossiles si chers à ses yeux nous apparaissent de manière surprenante et inattendue au grès de nos activités. Une boîte leur est dédiée dans notre atelier : un trésor bien gardé désormais partagé.
La création de Solène Ortoli inclut des schistes du parc et des fragments fossilisés que vous pourrez admirer. Tout en transparence, des impressions végétales habillent le bois. La lumière verticale projette des ombres de feuilles de fougères sur le sol. La géologie emprunte de poésie du site du Musée-Parc se raconte dans les textes qui scandent les parois de l’œuvre.
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Suivre les artistes dans leur découverte du Parc est toujours une étape magique, et ce à chaque édition de Parc en fête. Même si nous mesurons en tant que jardiniers la chance que nous avons d’évoluer sur un site exceptionnel, nous confronter à des yeux extérieurs nous ramène à nos premiers pas, à nos premières émotions.
Cette petite étincelle est apparue dans le regard de l’artiste Fred Martin lorsqu’il s’est immobilisé devant le plan d’eau : en une fraction de seconde il a « vu » son projet. Le charme a opéré une nouvelle fois.
Le bassin : la source de vie
Certains visiteurs venant pour la première fois ne le soupçonnent pas mais les habitués s’en délectent aisément : le miroir d’eau imaginé par l’architecte-paysagiste Catherine Mosbach ne laisse pas indifférent. Il est une pièce maîtresse dans l’aménagement du parc du musée.
Source de vie, il accueille une faune et une flore abondantes et incite à la contemplation. Plonger son regard dans ses reflets, observer le jeu des oiseaux, écouter le bruissement du vent qui souffle dans les herbes du rivage, rien de tel pour se ressourcer. Le contraste historique est saisissant : il y a un demi-siècle, la vie du lieu était souterraine et oppressante, désormais c’est une bouffée d’oxygène.
Une magnifique expression de Land art
« Galibot », tel est le nom de ce visage qui s’extrait de l’eau. Ses traits enfantins tranchent avec la rudesse qui rythmait jadis la vie de ces enfants mineurs. On l’imagine prendre une impulsion des profondeurs de ce passé pas si lointain, s’en extraire pour enfin se gonfler les poumons d’air pur.
La sculpture est végétale, structurée par le tressage de branches de noisetier, de saule et de cornouiller. Toute cette matière est vivante, ce qui ouvre le champ des possibles dans l’évolution de cette œuvre. Il est fort probable que les branches se végétalisent d’elles-mêmes. La nature va se l’approprier et s’exprimer de manière spontanée. Nous serons spectateur de ce tableau passager.
La recommandation des jardiniers
Cette œuvre éphémère est à contempler sans modération. À toute heure du jour et par tous temps, observez le rythme des ondulations se brisant sur ce visage. Amusez-vous des poussins d’eau jouant à cache-cache entre les branches, les escaladant parfois. Admirez les reflets changeants du ciel et des nuages. Le spectacle vivant se trouve là sous vos yeux et vous invite à vivre le présent et à le savourer.
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D’étranges abris attirent l’œil en cet été 2023 aux abords du musée, 5 structures colorées se tiennent ensembles en une ronde enfantine. Cinq installations aux couleurs des anneaux Olympiques qui nous évoquent la connexion humaine, puisque c’est ce que symbolise le Musée-Parc du Louvre-Lens : tisser du lien et évoquer le patrimoine passé, présent et futur sur un site remarquable.
Du terril au cocon
Le site du Musée a la particularité de s’étendre sur un terril plat, il fait écho aux terrils jumeaux de Loos-en-Gohelle qui font partie du paysage du Parc et de la région en tant que Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Un sous-sol particulier, hostile, sur lequel la nature a repris le contrôle mais qui jadis accueillait une activité humaine intense : la mine et ses galeries.
Le collectif Roubaisien Artimuse s’est inspiré de cette activité pour leur participation à la saison 2023 de Parc-en-Fête en reproduisant des cocons en forme de terril. Une autre échelle, une autre vision : l’air suffoquant des profondeurs cède la place à la l’oxygénation des arbres à la surface. Les cavités à ciel ouvert interagissent entre elles, les visiteurs se contactent d’abri en abri par ces réseaux tubulaires.
Le réveil des sens
Tout est question de connexion aujourd’hui, mais au-delà du virtuel le besoin d’interactions réelles est palpable. Le sentiment de sécurité de ces cocons agit comme un accélérateur sensoriel. Voir, toucher, sentir l’odeur du bois, écouter et répondre aux sollicitations d’inconnus de l’autre côté des tubes nous ouvrent vers l’extérieur. Nous sommes prêts à recevoir, ressentir, nous émouvoir… L’expérience du parc prend une autre dimension.
Le Parc : un refuge
Depuis 10 ans, le parc a pris son essor à son rythme, un rythme naturel que nous les jardiniers, accompagnons pas à pas. Lieu traversant pour atteindre le musée, il est également un lieu de vie, de rencontres entre visiteurs et voisins. Véritable bulle verte dans un territoire artificialisé, il a su accueillir et maintenir une vie humaine tout en développant une richesse écologique. La biodiversité prend ici tout son sens et les interactions sont également faunistiques et floristiques.
Tout est affaire de connexion, et le collectif Artimuse l’a bien mis en évidence avec son Œuvre « Rencontre ». Leur lecture du lieu a été intuitive, ils nous ont confié que le parc a été une source privilégiée d’inspiration et un cadre exceptionnel. Ce mois passé en collaboration avec les habitants est l’essence même de leur approche artistique, voir le public investir leur ouvrage est la plus grande récompense.
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À l’approche de la saison Parc en fête, nous sommes toujours impatients de découvrir les nouvelles œuvres in situ imaginées par les artistes pour le parc du musée. Cette année encore l’émotion est au rendez-vous, notamment avec Mano à Mano de Pedro Marzorati.
Une œuvre monumentale
Ce qui impressionne de prime abord, c’est la taille de l’œuvre. Quand Pedro Marzorati a posé les premiers éléments sur le sol avant même l’assemblage, ces doigts de géants sculptés dans le bois étaient la promesse d’une histoire fabuleuse. J’imaginais déjà la réaction du public devant cette main articulée, des légendes que nous pourrions conter…
Une œuvre forte
Le musée-parc du Louvre-Lens est riche d’une relation toute particulière entre les collections qu’il abrite en son for intérieur et ses espaces extérieurs. D’une architecture épurée, et par un jeu de transparences et de reflets, le bâtiment se fond subtilement dans le paysage. Le hall d’accueil vitré invite d’une part le paysage à entrer dans le musée, et d’autre part le visiteur à regarder au-delà des limites du musée. Comme une invitation, cette main démesurée suggère à nos hôtes un voyage initiatique en abandonnant les limites tangibles de l’édifice vers une dimension où l’imaginaire peut s’exprimer en totale liberté.
Une œuvre comme une caresse
Cette main qui invite est également la main qui sort de la terre, personnifiant la nature. C’est ce qui m’a le plus touchée. Sous nos pieds, l’obscurité, le poids de l’histoire du site, le tumulte de l’activité minière qui a façonné le paysage et l’environnement du musée, construit sur un terril plat. Cette nature semble caresser les lieux pour tendre vers plus de lumière et de sérénité. Main à main avec la nature, nous protégeons désormais ce patrimoine si cher à notre cœur, et elle nous le rend bien.
Quand les jours rallongent, un nouveau cycle démarre. La fin d’année est ainsi rythmée de multiples traditions dont beaucoup sont inspirées de la nature. Tout autour de nous, de nombreux symboles, des souvenirs de cultes et de légendes proches de nous mais qui parfois nous échappent.
Nous vous confions aujourd’hui quelques clés sur l’origine de ces folklores.
La couronne de l’avent : le compte à rebours vers le solstice d’hiver
Le solstice d’hiver célèbre la nuit la plus longue de l’année. Il a eu lieu Lundi 21 décembre. C’est le début de la phase ascendante du cycle solaire. Le soleil sort de son sommeil, on se réjouit du triomphe de la lumière sur les ténèbres.
Pour patienter jusqu’à cet événement, le décompte est lancé par l’allumage quatre semaines durant des bougies de la couronne de l’avent. Chaque dimanche précédent le solstice, on brûle une bougie. Quatre bougies pour quatre points cardinaux : la 1ère semaine, on allume la bougie du Nord, la 2ème semaine on y ajoute la bougie de l’Est, la 3ème semaine on y joint le sud et le soir du Solstice, on achève le cycle avec les quatre bougies allumées simultanément. Quatre bougies pour invoquer les quatre éléments autour d’une roue symbole d’infini. Le cercle matérialise le cycle du soleil, le céleste, le perpétuel renouveau et la résurrection.
La culture de l’immortalité
Les fêtes de fin d’année perpétuent la glorification de l’éternité. Ces symboles s’insèrent discrètement dans de nombreuses coutumes parfois très anciennes.
Au milieu d’un paysage hivernal dénudé, l’utilisation de feuillages persistants en couronnes et guirlandes chez les Egyptiens, les Chinois et les Hébreux encensaient ce mythe d’immortalité. Les romains garnissaient leurs demeures de houx, de lierre, de laurier et même de branches d’olivier durant les Saturnales. Ces fêtes du « crépuscule de l’année » célébraient la liaison avec le royaume des défunts dans un climat de paix absolue. Cette période est nommée Yule par les peuples germaniques, Jul signifie solstice en danois, norvégien et suédois. C’est aussi la commémoration de la mort du Roi de houx, tué par son frère lors d’un duel par le jeune Roi de chêne. Ce sont tous deux des dieux-arbres, le roi-houx personnifiant le soleil déclinant, et le roi chêne le soleil émergeant du bois solide qui s’embrase. La flamme de plus en plus puissante devient ce feu qui réchauffe la terre. Un feu qu’on retrouve… dans la cheminée.
Une Bûche qui reste sur l’estomac !
Loin de la pâtisserie que nous connaissons aujourd’hui, la bûche était réellement un tronçon de bois !
Le chêne était un bois de choix pour sa consommation lente durant les veillées festives. Années après années, cultes après cultes, le thème de la bûche a traversé les âges et les usages. Elle représente la chaleur du foyer, le feu qui illumine la nuit et qui rassemble. Les familles partaient à la recherche d’une grosse bûche de chêne ou de fruitier, bois appréciés pour leurs étincelles pendant leur combustion. L’aîné et le cadet disposaient la bûche dans l’âtre et le doyen la bénissait avec du vin, du miel ou d’huile pour assurer fertilité et abondance dans l’année à venir. Au XIXème siècle, les cheminées laissèrent peu à peu la place à de nouveaux modes de cuisson comme le poêle, surtout en ville. La bûche décorée agrémentait le centre de la table et devint finalement une pâtisserie. Cette Génoise roulée et aromatisée était recouverte de crème pour ressembler à une vraie bûche. Ornée de petits fagots et de rondins de bois, la bûche pâtissière partage de nos jours les assiettes avec sa cousine glacée sur nos tables de fêtes.
Les pommes : les premières boules de noël
La boule de noël est sans conteste la décoration préférée des sapins. Saviez-vous qu’elle serait inspirée des pommes qui accompagnaient les autres friandises accrochées sur l’arbre ?
On raconte qu’en 1751, une sécheresse a entraîné une pénurie de pommes rouges. A l’approche de noël, un verrier de l’entreprise Vergo de Goetzenbruck, un village de Moselle, eut l’idée de souffler des boules de verres teintées en rouge pour les substituer aux pommes… La production de ces décorations explosa alors dans les Vosges.
Déjà en 1847, des boules soufflées furent façonnées en Allemagne dans le village de Lausch. La technique se répandit, la Pologne démontra un savoir faire exceptionnel à ce sujet. En 1920, notre région en a d’ailleurs bénéficié grâce à l’émigration Polonaise… les familles emmenèrent avec elle leur précieux héritage ! Vous trouverez ainsi des figurines peintes à la main dans les foyers des familles polonaises de la région. Voici un exemple dans la famille polonaise d’un de nos jardiniers.
Atelier de vacances : fabriquez votre couronne !
Il existe des supports à bougies en métal à garnir avec ce que vous trouverez dans la nature. Il est facile de se procurer des végétaux très communs comme le lierre, l’épicéa ou le houx. Il suffit ensuite de piquer votre support et de le poser en centre de table.
Pour les couronnes de porte, vous pouvez utiliser les branches de cornouiller blanc à bois rouge (Cornus alba sibirica). Ce sont des arbustes très reconnaissables en ce moment avec une écorce rouge flamboyant. Prélevez quelques tiges et formez votre couronne.
Avec un ruban ou du raffia attachez-y le lierre, du houx ou de la mousse. Vous pouvez glisser dans votre composition des fruits, des pommes de pin ou même coller des glands ou des noix. L’important est de conserver un poids raisonnable pour accrocher à votre porte. Cela ne coûte rien, et l’effet est garanti!