Musée ouvert jusqu'à 18:00
Parc ouvert jusqu'à 19:00
Fermer Plan de travail
27 mai 2015 - 28 septembre 2015

D’or et d’ivoire

Paris, Pise, Florence, Sienne 1250-1320

L’exposition de l’été 2015 au Louvre-Lens met en lumière la richesse des échanges artistiques entre la capitale du royaume de France et l’actuelle Toscane dans la seconde moitié du 13e siècle et au début du suivant. Grâce aux prêts exceptionnels d’une vingtaine de prestigieux musées européens, elle lève le voile sur les relations entre les grands foyers de création artistique que sont à l’époque Paris d’un côté, Florence, Sienne et Pise de l’autre. Statuaire monumentale, peintures à fond d’or mais aussi manuscrits enluminés, émaux et ivoires précieux : plus de 125 œuvres d’un grand raffinement sont ainsi rassemblées. Elles révèlent en particulier l’influence exercée par les représentants parisiens du gothique rayonnant sur les sculpteurs et peintres toscans de la fin du 13e siècle, dans une aire culturelle qui deviendra le berceau de la Première Renaissance. L’exposition du Louvre-Lens est la toute première à se pencher sur ce phénomène d’une extrême importance pour l’histoire de l’art.

Bien que très courte, la période concernée par l’exposition (1250-1320) est marquée par des évolutions décisives en Europe, tant sur le plan politique, économique et social qu’intellectuel et artistique. Le renouveau de la pensée modifie la compréhension du monde, et donc les manières de le représenter. Parallèlement, les arts connaissent d’importantes innovations technologiques et l’émergence de très grandes personnalités. Progressivement, les créateurs ne sont plus simplement considérés comme des artisans au service de l’Église mais comme des artistes œuvrant pour la société. La seconde moitié du 13e siècle occupe donc une place à part dans l’histoire de l’art : celle d’un complexe apogée, très différent selon les perspectives où l’on se place.

Avec ses grands chantiers architecturaux (Sainte-Chapelle, chapelle de la Vierge de Saint-Germain-des-Prés, transept de Notre-Dame) et la stabilisation de la cour au Palais de la Cité, Paris devient la « capitale du luxe ». S’y développe en effet une abondante production d’objets précieux (manuscrits enluminés, ivoires, orfèvrerie), soutenue par la multiplication des commandes artistiques de la part des dignitaires. Paris est alors le cœur de ce que l’on nomme aujourd’hui le gothique rayonnant.

De l’autre côté des Alpes, à partir des années 1260, l’art toscan porte en germe le style de la Première Renaissance. Dans la lignée d’artistes tels que Cimabue et Nicola Pisano, peintres et sculpteurs s’écartent des traditions byzantinisantes au profit d’un nouveau langage, caractérisé par un renouveau du regard sur l’Antiquité et une prise en considération de la Nature.

Or, si ces évolutions se développent d’abord en Toscane, elles puisent probablement leurs racines dans les nouvelles références philosophiques, théologiques, mathématiques ou littéraires diffusées au sein de l’Université de Paris. L’histoire de l’art a souvent souligné combien l’art gothique a pu évoluer au contact de l’art de la Première Renaissance. On sait aussi l’écho que les recherches de Giotto et de ses disciples eurent sur la peinture de l’Europe du Nord au 14e siècle. En revanche, jusqu’à aujourd’hui, lisant trop souvent le gothique rayonnant comme l’achèvement des promesses du gothique classique et la fin du Duecento1 comme l’annonce de nouvelles formes, aucune exposition ne s’était vraiment attardée sur les liens qui les unissent. Pourtant, un examen attentif de l’œuvre de Nicola Pisano montre qu’il renouvelle le style de ses prédécesseurs non seulement par le regard qu’il porte sur la sculpture antique mais aussi par une approche des positions et des drapés directement issue de la statuaire parisienne des décennies précédentes.

Ce regard de Nicola Pisano vers l’art de cour français se retrouve chez ses disciples, tels que son fils Giovanni Pisano ou encore Arnolfo di Cambio. C’est autour de la période d’activité de ces trois artistes, des débuts de Nicola vers 1260 au décès de Giovanni en 1317, que se développe l’exposition.

Affiche d'or et d'ivoire